La rude nature de l'homme
Le très peu prolixe Terence Malick n'encombre pas les écrans.Mais quelle sensibilité se cache chez cet homme dont le moindre plan éclate d'une telle beauté formelle sans pour cela tomber dans la froideur académique?On emploie beaucoup le mot panthéisme qui me semble assez juste même si Giono n'est pas un écrivain qui me touche beaucoup.Pourtant les personnages des Moissons du ciel ont une fougue et une aura dignes de l'ermite de Manosque.Mais ce dernier n' a pas le monopole du lyrisme rural.Ce film pourrait être italien,de la grande époque des Fratelli Taviani,ces cinéastes glorifiés il y a 30 ans et peu en vogue aujourd'hui. Il y a dans cette vision de l'Ouest américain campagnard quelque chose de Kaotique au sens pirandellien du mot qui nous ramène à la brutalité d'un maëlstrom sicilien âpre et tragique avec son incendiaire beauté à couper le souffle.Peu au fait du cinéma africain il me semble aussi que peut-être Souleymane Cissé filme ainsi la jeunesse dans Yeelen ou Le vent.
Les fulgurances de Terrence Malick,que ce soient les plans sur les animaux notamment les oiseaux qui semblent sortir des gravures d'Audubon ultra-américaines,le feu ou le fléau des criquets ne sont pas là pour ponctuer un discours mais comme d'indissolubles liens dans cette rude,très rude histoire des hommes. De tout jeunes acteurs Richard Gere, Sam Shepard et Brooke Adams ne seront plus jamais aussi bien employés. Malick réussit le prodige d'une oeuvre très américaine qui tend vers une peinture universelle de la violence du monde qui a pourtant de bien belles couleurs.Autre bonne idée:l'arrivée des clowns du cirque comme des pionniers de l'aviation.