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8 octobre 2006

Un homme dans la ville

Giorgio Bassani est un écrivain du nord de l'Italie.Il semble qu'on commence à le redécouvrir.

Le cinéma nous l'avait déjà mis en lumière avec trois films dont le superbe Jardin des Finzi-Contini. Les éditions Gallimard proposent un ouvrage de référence rassemblant(et non compilant) tous les écrits de Bassani consacrés à sa ville de Ferrare. Bassani a lui-même réécrit ces six livres que l'on peut lire séparément. Cependant je crois qu'il faut lire le tout pour se faire une idée de la géniale appropriation du lieu géographique Ferrare par l'auteur. Essayons de procéder par ordre...

    Ferrare est une ville d'Emilie maintenant éclipsée par Bologne. Ville d'art très attirante Bassani y vécut presque toute sa vie au sein d'une famille juive et bourgeoise. La communauté juive de Ferrare était particulièrement intégrée y compris parmi les dignitaires fascistes. J'aime à faire comprendre que les choses sont souvent plus complexes et moins manichéennes qu'on voudrait le faire croire.

   Pourtant les lois raciales promulguées en Italie contraignirent Bassani à publier ses premiers poèmes sous un faux nom. Militant antifasciste c'est dans les années cinquante et soixante qu'il publia ses Histoires de Ferrare, regroupées ici dans Le Roman de Ferrare enrichi de nombreux documents sur l'auteur et sa ville.Cet ouvrage est un modèle d'érudition et de recherche pour qui veut s'imprégner d'une peuvre littéraire. Je n'avais jamais lu Bassani et ne connaissais que les films Les lunettes d'or et Le jardin des Finzi-Contini.

Le Roman de Ferrare : Dans les murs ; Les Lunettes d'or ; Le Jardin des Finzi-Contini ; Derrière la porte ; Le Héron ; L'Odeur du foin    Après une courte et tranchante préface de Pasolini Dans les murs propose cinq nouvelles ayant trait à la société de Ferrare juste avant ou après guerre.Nous assistons à une version transalpine de l'antisémitisme et de l'engagement politique, et surtout à l'ooportunisme qui sied si bien au genre humain. A Ferrare comme ailleurs les retours de guerre sont difficiles.

           Les lunettes d'or est un court roman plus connu depuis le film de Giuliano Montaldo ou Philippe Noiret campe ce professeur homosexuel en proie à l'incompréhension. Une belle oeuvre, pleine de retenue et qui n'angélise pas la victime, chose rare dans ce domaine.

    Le jardin des Finzi- Contini est une oeuvre d'une délicatesse et d'une grâce rarissimes. L'histoire d'amitié entre le narrateur et Micol, fille d'une famille juive riche toujours dans cette bonne ville de Ferrare se déroule dans un style assez précieux fait de longues phrases et de subordonnées d'une beauté à couper le souffle. Bassani sait ce dont il parle ayant fréquenté les cénacles bourgeois et éclairés des années trente. Il y a unité de lieu dans ce fameux jardin et le court de tennis verra se dérouler des sentiments d'une force et d'une ardeur accompagnées de promenades dans la nature idyllique de cette sorte d'éden pour amours enfantines et adolescentes. Mais que c'est difficile d'avoir 20 ans ou 50 d'ailleurs quand s'abat la peste  qui conduira la famille Finzi-Contini à la solution finale!

       Giorgio Bassani a désavoué le film de Vittorio de Sica et j'ignore vraiment pourquoi. C'est un peu dommage car la sensibilité de  de Sica est réelle même si elle est plus familière du petit peuple romain cher au Néoréalisme(Sciuscia,Le voleur de bicyclette) que des familles aisées du nord de l'Italie. A propos je trouve bien injuste  le purgatoire qui semble avoir saisi les films de de Sica, par ailleurs bien peu distribués en DVD.

       Le Roman de Ferrare contient encore Derrière la porte, Le héron et L'odeur des foins que je n'ai pas lus. Mais la prose de Bassani est si dense et procure  une brûlure exquise et tendrement douloureuse que je compte bien finir cette intégrale. Enfin je n'ai jamais lu une oeuvre aussi lovée au sein d'une ville, la ville de Bassani. Cela me donne diablement envie de voir Ferrare comme ces lecteurs amoureux qui visitent le cimetière de la ville pour rêver sur le tombeau de la famille Finzi-Contini qui est pourtant sortie de l'imagination de l'auteur. Bien bel hommage à la littérature, cette fleur vénéneuse et mortelle que j'aime tant.

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Commentaires
M
Ce gros livre m'a accompagnée au retour d'un voyage en Emilie. J'ai flâné dans les rues de Ferrare
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D
Merci pour votre commentaire. Je compte bien acheter un de ces jours le livre de Bassani en édition Quarto. Cela s'ajoutera à toute ma liste à lire qui s'accumule. Sinon je l'ai en DVD zone 1 en VO Italienne et sous-titre en anglais. Et bien j'ai tout compris. Je n'arrive à comprendre pourquoi les films comme celui-ci n'existent en DVD zone 2 : par exemple le conformiste.
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