item imageLe sel de  la terre est un film unique que je n'avais jamais vu.Réalisé quasi clandestinement en 54 par des victimes du McCarthysme il ne fut distribué aux Etats-Unis qu'en 1965. Bertrand Tavernier dit que ce film est incritiquable par son existence même. Tourner le film fut un exploit physique et moral entre les mauvais coups des milices,les coups tordus du FBI,les intimidations des syndicats. Herbert Biberman,Michael Wilson et Paul Jarrico terminèrent le film qui fut immédiatement boycotté et fort peu diffusé depuis. Je ne m'étendrai pas sur la sinistre chasse aux sorcières bien que cette période mérite d'être étudiée avec le recul nécessaire qui me semble encore manquer tant les démagogies diverses se portent bien.

   Mais que vaut le film Le sel de la terre? Les films dits militants ne m'intéressent pas souvent parce que schématiques et d'un courage très relatif avec une nette tendance à brosser dans le sens du poil sur laquelle je ne gloserai pas davantage.L'aventure du Sel de la terre c'est autre chose.Et le film qui raconte une grande grève de mineurs mexicains au Nouveu-Mexique présente une lecture plus déroutante que je ne l'aurais cru car je m'attendais bien sûr à la traditionnelle leçon de morale.Or le film décrit bien sûr la lutte de ces mineurs exploités mais il nous donne à voir un deuxième bras de fer bien plus engagé à mon avis,la volonté des femmes de mineurs d'avoir leur mot à dire.Et c'est dans ces images de femmes défilant en lieu et place de leurs maris que le film décolle vraiment en un noir et blanc qui évoque les merveilles néoréalistes dont je vous rebats les oreilles régulièrement. Le sel de la terre n'est pas un film féministe où quelques harpies s'en prennent aux hommes,c'est un film où les épouses se battent pour que leurs maris les traitent mieux que les exploiteurs ne le font des mineurs.Cette double lecture est de loin le plus intéressant de ce film pas comme les autres.Herbert Biberman fut l'un des Dix de Hollywood condamné à la prison.