David Lean ou les ambiguités

Il en est des films comme des hommes,clairs comme l'eau de la roche,sombres et souterrains,ou illisibles et fascinants.David Lean,parfois stupidement dépeint comme un cinéaste d'inspiration coloniale nous a donné il y a bien longtemps(57) une oeuvre qu'il faut toujours redécouvrir.Le pont de la rivière Kwaï est un des très rares films de guerre dont on ne peut à coup sûr dire s'il relève de la propagande ou s'il est un modèle d'antimilitarisme.Je  crois que cela dépend du spectateur et de ses états d'âme.L'immense succès populaire du film et de sa célèbre marche ne l'empêche nullement de prétendre au titre de film d'auteur(pour autant que ce terme galvaudé signifie quelque chose).

"Folie" est le dernier mot prononcé dans le film et c'est bien de folie qu'il s'agit dans l'escalade d'egos des officiers anglais et japonais Nicholson et Saïto.La démesure et la logique d'aveuglement des deux colonels annonce celle d'un autre colonel,Kurtz,(Apocalypse now),de Coppola mais adapté de Joseph Conrad,autre chantre de cette mégalomanie(Lord Jim,la folie Almayer).

Quoiqu'il en soit ce mélange explosif de va-t-en guerre et de pacifisme nous interpelle de manière fort intelligente et spectaculaire sur les contradictions de l'homme en guerre.Je ne trancherai pas ce soir mais me contenterai de rappeler que Lawrence d'Arabie est lui aussi un personnage riche d'une belle ambiguïté que David Lean n'éclaircira jamais totalement et c'est tant mieux.

Comments

[oggy]

Ce billet me donne l'occasion d'honorer cet écrivain incroyable qu'était Pierre BOULLE ! Peu de gens savent que "Le Pont de la rivière Kwaï" et "La Planète des Singes" sont du même auteur. A lire également : "Contes de l'absurde", "Le Photographe", "Le Jardin de Kanashima", "Les vertus de l'enfer" et "William Conrad".

[Bastien]

Un chef-d'oeuvre à ne pas en douter. Je n'ai pa ressenti le côté propagande, je devais donc être de bonne humeur lol. Alec Guiness annonçant Marlon Brando, bien vu.

David Lean, un cinéaste qu'on tend à oublier et c'est dommage, car s'il y a ses chefs-d'oeuvres intemporels, il y a aussi le reste de sa filmographie, comme La fille de Ryan ou La route des Indes qui traitent des sujets passionants.