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12 octobre 2006

Les falaises

Les falaises

 

Quand le vent crie au loup,si âpre

Que les fous et les goélands eux-mêmes

S’accrochent aux cavités granitiques

Les ailes affolées près des lames acérées

Et que des courants sans relâche

Giflent encore et encore de fragiles terrasses

Quand les gerbes d’écume,geysers recommencés

S’évaporent en violence dans ces vêpres bretonnes,

Quand les chapelles tintent

Et que les femmes prient la mer

Que veillent les enfants troublés

Que frappent les chevaux aux écuries nerveuses,

Quand les arbrisseaux s’humilient au chaos

Que les barques au quai dansent la sarabande,

Que les sirènes océanes séduisent

Les derniers imprudents,

Quand les calvaires déchirent la lande

Quand même les grottes marines

Referment leurs auvents

Quand la péninsule craint Dieu

Une femme apparaît.

Elle est noire de cheveux

Comme une veuve du Sud

Elle défie la cité et le ciel coléreux

Face aux dieux irrités elle a gravi les marches

Qui mènent au vieux sentier

De la falaise d’Aval toute de craie

Et d’embruns.

Elle est belle,elle est femme,elle est forte

Elle joue de ses mains,mime prodigieuse

Apparition,suis-je le seul à la voir?

Tragédienne,son amphithéâtre c’est le grand Ouest

Eole,tempêtueux

Lui donne la réplique,mieux

Transporte sa voix

Elle n’est pas Mater Dolorosa

Ses éclats de rire sont tout aussi sincères

Vigie face au destin elle entonne

Comme un chant amoureux

Mélange de ballade celtique

Et de blues fendant le soir.

Puis les mots que sa bouche libère

S’évadent et fraternisent dans le ciel

Avec nuages et oiseaux blancs

Elle se donne avec tant de rage,

Cette force d’aimer qui transcende le temps.

Les mots coulent en phrases voyageuses

Musicales,un peu versatiles

Elle les offre avec cette ardeur

De celles qui se savent aimées

Et jette à l’horizon dément sa propre folie

Une folie toute gothique,démesure et passion

La prose s’insinue et la mer pétrifiée

Accueille dans son ventre un hymne à l’amour.

J’entends,j’entends symphonie irradiante

Douces sonates un peu tristes

Fanfares et clairons,harpes de mes regrets

Ce sont mes mots prononcés par son coeur

Et ses lèvres les amplifient

Spirale à l’unisson du rire et de l’écrire

Le bonheur me happe:il existe

Autour d’elle...

Alors l’océan à l’écoute

S’emplit de rythmes,de routes d’Amérique

De verte Erin et Toscane bleutée

De prénoms,de héros,de nos frères poètes

De jardins russes,de soeurs éloignées

D’enfances révélées

De meurtrissures guéries

Elle vibre et son corps m’émeut,toujours recommencé.

Qu’elle chante notre vie,

Mutuelle incarnation d’un délire à nous seuls!

Je crains de perdre le fil de mes pages

La tourmente est si forte

La volupté si troublante

Je ne sais plus qu’écrire...des ailes

Qui s’envoleront,oies sauvages au pays lumineux

Libres dans les courants et les zéphyrs

Deux pour l’immense voyage

A quatre mains nouées

Au coeur de la Lovelande.

 

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Commentaires
C
Troublant et magnifique.<br /> <br /> Je ne peux rien ajouter au délicat commentaire de Villaseurat.<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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E
A Villa Seurat... Merci de tout coeur de cette appréciation, l'ami. Ces textes sont anciens (plus d'une douzaine d'années) et ont été écrits à une époque très précise et comme dans une urgence que tu as parfaitement comprise. Epoque un peu incendiaire qui ne pouvait probablement pas durer longtemps. De fait les mots de poésie sont rapidement devenus des invectives. Mais la Muse avait eu le temps de laisser des traces. Merci encore et à bientôt.
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V
Plusieurs fois que je lis ton poème. Et cnest quelque chose d'absolument merveilleux. Un magnifique chant d'amour pour cette femme qui semble dompter les Dieux, et la nature hostile pour qu'elle soit musique sur ses mots à elle. Il y aurait tant à dire, je ne veux pas disséquer ton texte. Chaque ver, chaque mot est important, dit plus que son sens premier. A chaque lecture que je ferais, j'y trouverais d'autres choses. Le fond et la forme me touchent. Tu dis sans le dire si platement que c'est au contact des femmes que naissent la musique et les mondes merveilleux.
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