L'ombre de ton sourire
The shadow of your smile est un thème musical célèbre dont j'avais oublié qu'il était extrait du Chevalier des sables,ce joli film de Minnelli parmi ses derniers.The sandpiper flirte avec les limites du mélo,ce qui n'étonne pas de la part de Vincente Minnelli qui aime les couleurs flamboyantes comme les robes de Liz Taylor et les les complexes de culpabilité comme ceux de Richard Burton,clergyman ayant perdu sa flammme depuis longtemps sous les arrangements.
Enième rencontre Burton-Taylor Le chevalier des sables est aussi l'histoire d'un rendez-vous manqué entre Taylor peintre en marge sur les falaises de Big Sur,Californie,ce qui est une marge confortable pour une artiste sans succès et ce qui limite un peu la vraisemblance de la performance de comédienne,et Burton qui passe de la sécurité au tourment de manière tout à fait sobre et assez bouleversante.
L'épouse modèle est Eva Marie Saint l'évanescente héroïne hitchcockienne pour qui je concède un faible.En peu de scènes et jamais à corps et à cris l'épouse conformiste et digne atteint finalement une grande sensibilité. Il est parfois plus difficile de rester dans le rang.Vincente Minnelli filme ainsi les passions comme l'Océan qui n'a de Pacifique que le nom ressemblant en cela à l'âme humaine.
L'ange douloureux
L'ange douloureux
L'ange douloureux qui m'accompagne
Comme en un ciel berlinois bleu de froid
En a vu avec moi au long de ces années d'errance
Son visage est souvent pris de convulsion
Son sourire se glace
Devant ces cités indociles
Alors cet ange a peur et pour moi il s'alarme
De mes intolérances mais n'en dites rien
C'est un ange que n'épargnent ni colère ni ivresse
Et je crains qu'il ne me délaisse
Sa présence impresssionne et ses ailes m'enserrent
Pourtant cet ange a bien les yeux...d'un ange,pardi
Ce regard est si doux,je me sens prêt à m'y noyer
Mais la chute des anges est tellement osée
Que le fleuve sauvage nous tend ses bras furieux
Sa vallée s'est parfois avérée meurtrière
Il me vient à l'esprit...
Si le tumulte des eaux guerrières
Nous emportait très loin,là où s'endiablent
Les anges et leurs compagnons d'infortune.
Merci Mr.Marc Chagall
Les Américains de Bass
Rick Bass a dédié ses premières nouvelles à Jim Harrison et c'est bien dans la lignée du gros ours moustachu chéri des Français que s'inscrit ce recueil Dans les Monts Loyauté.Souvenirs de jeunesse avec un oncle bringueur,boxeurs ratés dans des tripots,aventures au Montana sont quelques-uns des thèmes évoqués par Rick Bass.Il est bien dans la mouvance de cette merveilleuse littérature américaine libre où l'on croise Tom McGuane,Richard Hugo,Thomas Savage,Elwood Reid et bien d'autres.Des hommes tout autant que des auteurs qui hantent plus les rivières à truites que les cocktails newyorkais.
Ce courant se caractérise par une respiration qui,bien que très actuelle,fait référence aux grands mythes fondateurs de l'Amérique à travers sa nature parfois idyllique,parfois meurtrière.Le cinéma jusqu'à présent s'est montré incapable de transcender ces oeuvres,avec entre autres deux adaptations navrantes de conformisme extraites du recueil Légendes d'automne de Jim Harrison.Je ne vois guère qu'un Terrence Malick qui aurait peut-être la fibre...
Ce phénomène littéraire très puissant est à rapprocher de la littérature "indienne" dont nous reparlerons(James Welch,Louis Owens,David Treuer,Sherman Alexie).De Rick Bass on peut aussi lire Le guet,Oil notes,Platte River