Si
Si j’étais tahïtien
Je plongerais bien au delà du lagon
Pour y cueillir au plus profond
L’or des conques et l’argent des poissons
Perles et nacres pour ton ventre fécond.
Si j’étais italien
A Florence ou à Orvieto
Dans l’atelier de Léonardo
Je te peindrais,Madone au tondo
Bellissima del mondo.
Si j’étais inuit
Dans la déchirante nuit arctique
Tu serais du Nord la princesse unique
Ce glacier idyllique
Serait havre d’un fol amour tellurique.
Lama tibétain
Je renierais les livres sacrés
Quitterais le monastère où j’étais ancré
Et ne prierais plus que l’être aimé
Au bonheur ensoleillé.
Guérillero
J’aurais fait seul la révolution
Pour que la passion
Enflamme de notre déraison
Un monde à notre diapason.
Si j’étais un marin
Le sel des quarantièmes rugissants
Du goût de mes lèvres irait cernant
Ton front,tes iris bienfaisants
Alizé aux épices,plaisir déferlant.
Si j’étais écrivain
Mon écriture,métamorphose
Lisserait les épines des roses
Pour que plus jamais n’éclosent
La vacuité et la fadeur des choses.
Si j’étais Ludwig ou Wolfgang
Mon immortalité baignerait l’avenir
De ton prénom et de tes rires
De l’infini de nos délires
De cette musique qui nous chavire.
Si après demain je mourais
Demain aurait ton regard et ton nom
De ma vie la vraie floraison
N’aurait connu que nos chansons
Nos étreintes et notre unisson.