Et si on prenait encore un peu de temps
Suite et fin de cet objet filmique unique.Après 30 films et 52h10' de mon temps me voilà au bout de l'aventure Heimat,oeuvre d'une vie,celle d'Edgar Reitz,d'un pays,l'Allemagne,d'un art,le Septième.J'ai regroupé les trois notules:Une chronique allemande,Chronique d'une jeunesse,Chronique d'une époque. Mêlant les destins de plusieurs personnages,apportant de nouveaux héros parfaitement en phase avec l'histoire allemande,chroniquant les transformations sociales et les détails individuels,la trilogie Heimat restera référence absolue pour qui s'intéresse à ce grand pays,celui de Goethe, Beethoven, Murnau, Dûrer et tant d'autres.
Hermann et Clarissa ont vieilli.Le mur est tombé et avec lui beaucoup d'illusions se sont aussi écroulées.La liberté,réelle,se paie cher,l'Allemagne de l'Est peine à gôuter les fruits de la prospérité.Les frères aînés sont morts,d'étranges tumeurs gangrènent les corps,les paradis artificiels démolissent en Allemagne comme ailleurs.Le rêve passe et certains passent à côté.On vient de l'Est bien sûr,du Kazkhstan ou de Serbie.Y en aura-t-il pour tout le monde?Heimat pose les questions essentielles sur l'Europe et sur l'homme.Ils se sont tant aimés depuis la Grande Guerre à travers la musique,le cinéma,l'industrie,les affaires.Une telle fluidité baigne Heimat que malgré 93 rôles parlés,des amis,des cousins,des collaborateurs,aucun personnage ne paraît artificiellement plaqué sur l'histoire pour l'enrichir.Ce fleuve de vie coule comme le Rhin,sans jamais faillir.
J'ai tant aimé,moi aussi,cette trilogie que j'en ai pleuré au dernier épisode.Jamais je n'avais vu ça.Adieu à tous,mes amis d'outre-Rhin.Vous me manquez déjà.Et comme j'aimerais que cette oeuvre,le contraire du formatage et de la démagogie,de tous les formatages et toutes les démagogies,trouve son public.Auf wiedersehen!Au revoir à cette bouleversante chorale.