La goutte d'eau

La goutte d'eau

Il a plu sur les pentes du Velay

De l’ondée ou des trombes une perle isolée

Dégringolant du ciel,clair joyau

Verticale et bénie

Devient gouttelette promise à l’homme

Pour son mieux-être

La tendre goutte d’eau au seuil de l’horizon

Semble hésiter certes peu de temps

Mais j’aime son indécision

J’ai goût à m’en bercer car mon coeur

A pu quelquefois ressembler

A ce hasard humide,à ce roseau balançant

Au gré des moindres brises.

La goutte d’eau vacille

Le sol ouvre les bras et la petite dame

Va-t-elle au sud-est choisir de cheminer

En Rhône et chanter les gitans

L’accent qui traîne et le delta

Puis se conduire esquif en Méditerranée

En ce milieu du monde

Pour y rejoindre les ports antiques

Le sillage d’Ulysse

Le Phare des Sanguinaires

Vaillante elle trace,sirène

L’abordage barbaresque,les princes siciliens

Elle devient Vieux Monde

Et se nimbe de notre histoire

D’île en île,des verres vénitiens

Jusques Alexandrie.

A moins que,caprice de femme

Elle n’en vienne à choisir l’autre versant

Mon Occident

Elle jardine,Renaissance en Val de Loire

Une corne de brume attise sa fringale

Des envies de Cap Horn ou de conquistadors

Brigantines ou misaines

Le noir parfum s’exhalant des steamers

L’accompagne,oiseau du grand ouest

Vers ces pays que l’on a dit nouveaux

De Nouvelle France ou Orleans

La goutte d’eau choisit-elle

D’être océane ou phénicienne?

Partage des eaux..

Comme elle,dis-moi

Qu’as-tu fait de ton talent?

Comments

[Princecranoir]

Bonjour Claude,

Je viens tard m'abreuver de cette goutte, et dont j'ai pris plaisir à suivre le voyage humide. Je vois que ta plume ne perd rien de son allégresse poétique, même si je devine en fin de parcours un brin de mélancolie hivernale. La goutte deviendra-t-elle flocon léger à l'approche du mois de janvier ?

[eeguab]

Tout à fait vrai mon cher Alain.Il y a eu pour ce texte "influence géographique manifeste".De plus Le spectateur triste est mort depuis longtemps.Reste le spectacle de la vie qui court et ce n'est pas forcément si gai.A bientôt.

[alain]

beau comme toujours ce poème, mais est il du spectateur triste?
Ses ton et sujet ont changé, je le trouve, moins douloureux, plus distancié, un brun romantique.
Il serait presque scientifique en relayant les pensées d'un chimiste de connaissance qui a déja imaginé le stribulations d'une molécule d'eau. Mais le potard n'a pas la dimension de lalbatros qui lui fait franchir mers et continents...

[maryse]

l'eau et sa magie, l'eau qui voyage, qui porte une mémoire...c'est un élément fascinant, tellement subtil...j'aime bien le voyage de ton poème. bonne soirée Claude