Washington D.C(Drama City)
Classé par le mensuel Lire parmi les meilleurs auteurs américains de polars j'ai bien aimé sans plus Drama City de George Pelecanos.Il faut bien dire que la littérature policière,très attrayante par ailleurs,finit tout de même par tourner un peu en rond.C'est pourquoi je n'en lis pas trop souvent.
Néanmoins l'intrigue ourdie par Pelecanos se laisse goûter.Je crois que le principal intérêt de Drama City tient à sa géographie.L'action se passe à Washington,plus rarement visitée par le roman noir que New York, L.A. ou Chicago.Les notes de Pelecanos sont précises et la ville est quadrillée par l'auteur comme un plan dans un commissariat.Noms de rues, marques des voitures, qualités des stupéfiants,Pelecanos est à l'évidence bien documenté. L'autre surprise me semble être la fonction des deux personnages principaux,pas des flics mais des fonctionnaires de l'ordre cependant.Lorenzo travaille pour une société protectrice des animaux et Rachel est chargée du suivi des délinquants en conditionnelle.On s'en doute, bien du travail pour tous les deux entre combats clandestins de chiens et trafics divers qui font de Washington,D.C. une capitale fédérale certes mais aussi criminelle.
Grand combat
J'ai l'honneur de vous informer de cette rencontre au sommet entre
A ma droite
Et à ma gauche
Eeguab,dit Blogart,pas favori sur ce coup.
Reculant depuis des décennies j'ai décidé de relever le défi avant une éventuelle grève perlée de mes neurones.Il va de soi que je vous tiendrai au courant de l'évolution de ce combat de titans.
Bien avant Eve,la Comtesse et le limier
Belle découverte que ce rare film de Joseph Mankiewicz Quelque part dans la nuit(1946),son deuxième long métrage.Bien qu'empruntant les codes du film noir,son décor,sa nuit,ses docks,ses boîtes de nuit,Quelque part dans la nuit est déjà très "touche Mankiewicz" par l'importance du dialogue.On sait que Mankiewicz est un grand scénariste et un cinéaste "bavard",bavard mais brillant.
John Hodiak,convaincant acteur de séries B. incarne un blessé du Pacifique frappé d'amnésie et au visage refait,en quête de son passé,peut-être d'ailleurs un passé d'assassin. L'amnésique fait partie des figures du film policier, permettant facilement des variations sur l'identité et la mémoire et Mankiewicz ne s'en prive pas.Mais encore une fois les mots font mouche,caustiques,ambigus et assez souvent sous forme de proverbes et de dictons.S'il est un cinéste du parlant c'est bien Joseph Mankiewicz et la suite de sa carrière devait s'avérer étourdissante de brio avec Eve,La Comtesse aux pieds nus,L'affaire Cicéron,On murmure dans la ville,Jules César,Le limier,L'aventure de Mrs.Muir,tous films d'une intelligence insolente experte en manipulation.
Duvivier,deux belles prises
Amusant comme à propos de Pépé le Moko l'on s'ingénie maintenant à trouver le film factice,pacotille et,le mot est lâché,colonialiste..Triomphe de l'aberrante pensée politiquement correcte.Factice le film l'a toujours été avec sa casbah aux studios de Joinville.Et colonialiste pardi,en 1936,comment croyez-vous que l'on se représentait l'Algérie?Et alors?
Pépé le Moko n'est pas le meilleur Duvivier ni même impérissable mais reste un excellent film d'atmosphère que j'ai envie de décrypter un peu histoire de couper les cheveux(gominés) en quatre.Le film est adapté d'un roman de Henry la Barthe,dit Ashelbé.On connaît l'histoire qui a fait partie du mythe fondateur de Jean Gabin,mélange voyou,déserteur et prolo parigot.Pépé le Moko ne me surprend plus mais conserve pas mal de charme.
La casbah recréée a des touches expressionnistes avec ses angles aigus et ses perspectives.Avec un peu d'imagination(beaucoup?) j'y ai trouvé une vague réminiscence du Dr.Caligari.La bande à Pépé est truculente à souhait avec les trognes classiques de l'avant-guerre:Saturnin Fabre,Gabriel Gabrio colosse peu avenant,Charpin en balance,Dalio en limace rampante.Mireille Balin vénéneuse aux bijoux,Fréhel et sa goualante à faire chialer Margot sur le métro de Paname,les femmes sont à leur poste.Tout le monde à bord on peut embarquer pour les îles de la Fatalité à travers les écueils de la Trahison et aucun salut à espérer.Gabin est condamné dès le début:dans le cinéma désespéré de Duvivier et malgré leur coeur tendre les mauvais garçons n'on pas d'avenir au delà de 90 minutes,mais des minutes dialoguées par Henri Jeanson.
1938 Duvivier signe un film désespérant et finalement optimiste.La fin du jour confronte quelques vieux cabotins dans une maison de retraite pour comédiens.Numéro d'acteur pour Louis Jouvet,vieilli pour l'occasion et qui séduit la toute jeune Madeleine Ozeray,comme dans la vie.Duvivier le féroce sait alors se faire presque tendre en confiant à Michel Simon un rôle de comédien piteux et mythomane que l'oraison funèbre lue par Victor Francen,gloire oubliée du cinéma français,transfigure non en acteur prodigieux mais plus simplement en très brave type.Et si Duvivier aimait le genre humain tout compte fait.Son regard sur ces histrions pathétiques ne manque pas de grandeur,à mille lieues de choses sinistres genre Les vieux de la vieille.Il y a des conventions,propres à l'époque mais cependant,un film sans jeune premier,dans ces années "qualité française",n'est pas si fréquent.
Chat rade lit terre air
Quel est le point commun entre ces six grands écrivains?Attention c'est sérieux et vérifiable,vous me connaissez.Par exemple peut-être sont-ils ou étaient-ils tous fous de la blanquette de veau.Possible mais ce n'est pas le point commun qui est un poil plus littéraire.
Au temps des pochettes chouettes
Le plaisir des yeux passe aussi par http://eeguab.canalblog.com/archives/2006/08/19/3057178.html
Ailleurs
Un peintre s’est perdu loin de ses canaux
Et de ses chapelles favorites
Il ne voit plus des arbres les rameaux
Et ses yeux loin de ses rites
Ont égaré sa lumière
Qu’est-il sans ses chers étangs
Sans les amicaux repères
Que sa tendre palette frôle comme un doux vent?
L’artiste erre espérant l’éclaircie
Qui lui rendrait sa flamme abandonnée
Mais la ville est si triste et noircie
Qu’il lui vient de sombres pensées
Loin de son royaume-couleur
La cécité le guette,cette peste
Assassine de l’orfèvre,du sculpteur.
Pourtant il va revivre et son geste
Déjà s’affirme,ses doigts s’affranchissent
Tendres habiles retrouvent les traits
D’une femme dont il ourle la cuisse
La nimbant d’or et de jais
De même à la pointe d’un cil il trace
De sa candeur,de sa noblesse
Le regard de l’aimée,sa grâce
Et l’amour qui tous deux les caresse.
Une chanson:Truganini
Attention chanson récente.En effet Truganini date de 1992,extrait de l'album Earth and sun and moon.J'aimais bien Peter Garrett et sa bande de kangourous qui certes n'étaient pas un groupe d'une grande délicatesse mais qui savaient faire preuve d'efficacité dans le registre écolo-rock cher au leader.Je n'irai pas jusqu'à dire que toute démagogie était absente de leur musique mais bof...Garrett fait maintenant plus ou moins carrière politique.Qu'est vraiment devenu Midnigh Oil?Pourquoi Truganini?J'aime l'histoire de cet aborigène et les chansons de Midnight Oil,à défaut d'être inoubliables,sont de bons souvenirs.
http://www.youtube.com/watch?v=2m3oYeVYdvg Truganini story
Pelé,galeux,mal élevé,génial
Je lis assez peu d'essais mais celui-ci m'a tenté et je ne regrette pas car au delà du côté savant et universitaire de la thèse j'ai senti le bitume sous mes chaussures,respiré les effluves des blondes fatales,et coiffé le feutre pour me fondre dans la jungle urbaine. Benoît Tadié,par ailleurs traducteur de Gens de Dublin dont on vient de parler,est maître de conférences en littérature anglaise et américaine.Il y a comme ça de bien beaux métiers...
L'auteur replace dans leur contexte les différentes moutures du polar américain.N'étant pas un exégète je ne me risquerai pas à gloser là-dessus.Mais ce livre se lit bien.Tadié n'oublie rien.Il marque d'abord comment ce roman noir s'est rapidement affranchi des énigmes type Sherlock Holmes de la vieille Angleterre,souvent passionnantes mais loin du terrain.C'est alors l'invention de l'américain,une nouvelle langue qui a brisé les chaînes jusque là imposées par Shakespeare et Daniel de Foe.Plus près du peuple,voire de la lie,cette nouvelle approche sera celle des grands,des durs à cuire, Hammett, McCoy, Chandler,Cain,Burnett et beaucoup d'autres que Tadié nous encourage à découvrir.
C'est évidemment un regard sur l'histoire de l'Amérique avec le rôle très important des deux guerres avec leur lot de déracinés,blessés,alcoolique,etc...Crucial s'avère aussi le mythe de l'Ouest et de la frontière avec l'idéalisation du passé et de la campagne vierge qui s'oppose à la ville corruptrice,refrain bien connu des polars et des films adaptés.Benoît Tadié inclut dans cette somme des auteurs dits nobles comme Faulkner,Hemingway et même de plus anciens comme Melville ou Hawthorne.Il sait bien nous faire comprendre que la différence est très ténue,disparue maintenant entre certains auteurs de séries noires et les classiques.Et le polar américain est en fait une aventure continue depuis les pélerins du Mayflower jusqu'à nos jours.Il insiste également sur la Bible,toujours de mise en Amérique,et nous rappelle que s'il y a de la Bible dans le Polar,il y a aussi du Polar dans la Bible:adultères, fratricides, trahisons,ivresses,fils indignes et la première femme fatale,Eve.
Le polar américain,la modernité et le mal se lit presque comme un thriller et sa grande qualité est de donner envie de lire,de lire encore et toujours.Le polar,tempo de jazz, couleur whisky,découpage ciné,c'est vraiment pas ce que les Américains ont fait de pire.
De haut en bas les méconnus Davis Grubb et Armitage Trail,auteurs de La nuit du chasseur et de Scarface dont on oublie volontiers l'origine littéraire.Et David Goodis,lui aussi bien servi par le cinéma(Tirez sur le pianiste,La lune dans le caniveau).
La dame venue de Baltimore
J'ai fait un tour au pays de mes vinyls.Je ne m'y étais pas rendu depuis un bail et y ai retrouvé au verso de la pochette ci-dessus l'un de mes amours de jeunesse,la Susan Moore à laquelle Tim Hardin a consacré ce concept-album en 1969.Oui on appelait ça comme ça.Ce disque je l'ai acheté pour trois raisons.D'abord Rock et Folk l'aimait bien et moi j'aimais bien Rock et Folk.Je sais c'est loin.Deuxième raison:la voix de Tim Hardin me plaisait depuis ses jolies chansons comme Hang on to a dream,If I were a carpenter,Lady came from Baltimore(Lady's name was Susan Moore,déjà).Troisième raison,imparable,la photo,en robe longue et dans les sous-bois de Susan Moore.A tomber.Mes amours de l'époque cahotant allégrément d'échec en défaite,nanti d'une timidité qui devait durer dix ans encore,cette image était devenue en moi l'archétype de la femme,belle,inaccessible pour qui je me devais d'écrire.Il me semble que quelque part j'écris encore pour elle.
Le titre complet de l'album est Suite for Susan Moore and Damion-we are-one,one,all in one et ce disque eut très peu de succès.La pochette s'ouvre et apparaissent à gauche la divine Susan,en noir et blanc et en légère plongée et sur l'autre page Damion le fils de Tim et de Susan.Car Susan Moore a eu un fils mais pas avec moi.Moi qui dans ces années peinais beaucoup à être one,one,all in one avec qui que ce soit.Allez retour à la musique.
Suite for Susan Moore est divisé en trois implications et ue fin d'implication dont voici les titres.Vous aurez compris que rien ne dure et surtout pas l'amour.Et que depuis la première chanson d'amour jusqu'à la naissance,la flamme de jadis,la solitude il ne reste bientôt plus qu'un prénom.
1. First Love Song |
2. Everything Good Become More True |
3. Question of Birth |
4. Once-Touched By Flame |
5. Last Sweet Moments |
6. Magician |
7. Loneliness She Knows |
8. Country, I'm Living In |
9. One, One, the Perfect Sum |
10. Susan Sur le plan musical cet album est sobre,teinté d'influences jazz,réalisé en petit comité parfois réhaussé d'une trompette ou d'un sax. Trois des morceaux sont simplement lus par Tim Hardin.Encore deux détails.Cette Susan allait être vite concurrencée dans mon coeur par une autre Suzanne qui devait me prendre la main pour m'entraîner au bord de la rivière. http://eeguab.canalblog.com/archives/2006/08/20/3057242.html Et Tim Hardin mourut évidemment d'une overdose idiote en 80. Je n'ai guère à vous proposer que cette bêtise heureusement agrémentée du talent de Tim dans Hang on to a dream. |