Difficiles lendemains de guerre
De Giuseppe de Santis on ne se rappelle guère que le short moulant de Silvana Mangano dans la plaine du Pô de Riz amer.Pourtant ses films sont à voir pour qui veut en savoir plus sur le Néoréalisme qui,on le sait,est mon talon d'Achille,ma botte de Nevers,mon Capitole à moi.Dans cette Italie défigurée de l'après-guerre,et coupable de mauvais choix,De Santis collabore en 47 pour Chasse tragique son premier long métrage avec Cesare Zavattini, Michelangelo Antonioni et Carlo Lizzani.Le cinéma italien a toujours été friand d''équipes entières de scénaristes.
Il me semble que le film est un peu cahotique et manque singulièrement d'ambigüité ce qui l'empêchera de figurer dans le panthéon du NR. où trône en majesté Rome ville ouverte pour la nuit des temps.Italie immédiate après-guerre,réglements de compte dans la campagne émilienne. De Santis utilise quelques artifices classiques pour opposer deux anciens prisonniers amis qui s'affrontent dans une sombre histoire de vol des subventions d'une coopérative où s'échinent quelques centaines de miséreux dignes du Voleur de bicyclette.
De Santis n'a pas son drapeau dans sa poche et son coeur ne bat manifestement que d'un côté.C'est cette faiblesse aussi qui fait que Chasse tragique,pour estimable que soit le film,vaut surtout pour sa photo de la si difficile réinsertion italienne,un noir et blanc qui magnifie trains et camions et fait de la plèbe romagnole un personnage à part entière, encore imprégnée de l'influence soviétique d'Eisenstein.A l'évidence De Santis n'avait pas tout à fait l'étoffe de ses grand compatriotes qui tous surent s'affranchir d'une idéologie parfois pesante.