Les hasards du calendrier font que j'ai vu Le diable boîteux la veille de la diffusion sur France 3 de L'affaire Sacha Guitry qui raconte l'arrestation et la détention de Guitry en 1944.Je ne me prononcerai pas sur cet épisode mais il semble bien que Le diable boîteux,l'un des films les plus "diaboliques" de Guitry,sorti en 48,puisse être analysé à la lumière de l'opportunisme.Talleyrand,cet extraordinaire personnage,d'une intelligence démoniaque et d'une totale liberté,ne pouvait qu'attirer Sacha Guitry.

       Le "cinéma de salon" de Guitry ne plaît pas à tous.Il a pourtant tout du Septième Art.Guitry homme de théâtre a su parfaitement et surtout dans Le diable boîteux exploiter le mouvement quand bien même il n'existe pas de scènes extérieures.Jean Douchet dans son analyse montre fort bien  la manière dont il exploite les entrées et sorties des personnages.Et surtout reste le dialoguiste hors pair,reste le phraseur magnifique,reste le cabotin  merveilleux,reste l'enchanteur parisien.Inoubliable.Certes Sacha Guitry n'a pas de la Grande Histoire l'approche de Rossellini,mon maître.Peu importe l'un et l'autre se dégustent avec ferveur.

       On a donc pu dire que,aimant Talleyrand "l'arrangeur superbe"(mais là le retournement de veste relève des Beaux-Arts),Guitry organisait sa propre image un peu écornée.Je ne suis pas qualifié pour l'exégèse de cette immédiate après-guerre qui m'intéresse somme toute assez peu.Par contre je sais qu'il y a dans Le diable boîteux la quintessence d'un grand cinéaste français.Pourquoi s'en priver?Trouvez-vous que l'intelligence soit si répandue?