Une chanson:Turn turn turn
Un jour à peu près comme les autres dans la campagne picarde si méconnue,et que parsèment les étangs au charme automnal de venin et les moulins,imposants monastères de briques.Je roule comme je le fais depuis bien longtemps.Tous les matins ma tournée m'emmène voir les patients dont la moitié environ est constituée de vieilles dames charmantes en même temps qu'exigeantes.Mais j'ai compris depuis quelques années que c'est peut-être là que je suis le plus heureux,le plus moi-même au moins.Sur les petites routes sinueuses je suis chez moi.Pour tout dire je suis le kiné du coin.Il n'y en a pas trente-six alors ils me font confiance,ils n'ont guère le choix même si j'aime à croire qu'ils m'apprécient.La fin de carrière se profile et me prend l'idée de ces quelques lignes sur fond de musique sortant du lecteur CD,ce compagnon quotidien qui permet de sauter en trente secondes de Tim Buckley psalmodiant à Mme.Michot jérémiant (là il ya d'une part pseudonyme et d'autre part licence poétique,le verbe jérémier n'étant pas à ma connaissance homologué).
"Qu'est-ce qui lui prend au père Eeguab?" vous entends-je dire déjà.Rien si ce n'est que je ne connais pas grand-chose de plus beau que le Turn turn turn des Byrds,par une petite bruine grise zébrée du vol des hérons d'un paisible canton au nord de la Seine.Chanson sans âge même si l'on en a tous un,d'âge et que les paroles de l'Ecclésiaste nous confirment la vanité des choses et la fugacité du beau.Me certifiant au passage que tourne le temps et que je n'ai ni filmé Citizen Kane,ni écrit Le désert des Tartares.Et valsent un court instant quelques prénoms de femmes.
http://www.youtube.com/watch?v=aNopQq5lWqQ et Le vol des Oyseaux