Mes hommages,Madame,une fois de plus mes hommages éblouis
Sans conteste l'un des plus beaux films français de tous les temps.A ce qui doit être ma dixième vision il m'apparaît toujours raffiné,intelligent,cruel et novateur.Les plus jeunes pourraient craindre qu'il s'agisse là d'un bon film de "qualité française" des années cinquante,pas désagréable, gentiment désuet,et au parfum de nostalgie.Je prétends que Madame de ... est un modèle de rouerie et d'émotion,les deux intimement mêlées et très vite marquées du sceau du déclin d'une époque et même d'une marche vers la mort,inéluctable à travers la coquetterie et le mensonge.
Je n'ai jamais lu non plus la nouvelle de Louise de Vilmorin et n'ai découvert le film qu'assez tard. Admirateur d'Ophuls qui adapta si bien Zweig,Schnitzler ou Maupassant je trouve que la grâce de Madame de... évolue en permanence au long du film.La dramatisation s'insinue à mesure que les boucles d'oreilles voyagent,faisant de l'héroïne une sorte de martyre de la cause des femmes.Brillants,mais alors brillants et incisifs dialogues de Marcel Achard,fabuleux montage en particulier des scènes de bals entre Darrieux et De Sica et ce "Je ne vous aime" pas qui crucifie les amants font définitivement partie du florilège du cinéma français bien qu'Ophuls soit alllemand d'origine mais d'une culture européenne classique et éclairée.Le plus beau duel de cinéma passe pour être le final de Scaramouche entre Mel Ferrer et Stewart Granger.C'est magnifique,probablement le plus beau duel que l'on puisse voir,c'est vrai.Pourtant le cinéma sachant être aussi l'art de suggérer et de "s'imaginer" au sens propre j'irai jusqu'à dire que la plus belle confrontation pour l'honneur au cinéma oppose hors-champ le comte Charles Boyer et le diplomate Vittorio De Sica.Hors- champ certes mais avec tant de présence quand le premier coup de feu n'est suivi que du glacial silence qui emportera Madame de... et son monde d'hier.