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11 juin 2008

Prague vue par Fritz Lang et Bertolt Brecht

   

            Prochainement l'un des meilleurs films américains de Fritz Lang ou quand même la propagande peut avoir du talent.1942:depuis quelques années Fritz Lang se consacre à la lutte antinazie depuis Hollywood. Ce tryptique comprend Chasse à l'homme,Les bourreaux meurent aussi et Espions sur la Tamise.Pour ce dernier film voir Les miettes du Ministère ou Londres,nid d'espions - BLOGART(LA ....Les éditions Carlotta proposent un très bon double DVD comprenant les deux versions de Hangmen also die.Bernard Eisenschitz, spécialiste du cinéma allemand nous donne quelques clés,essentiellement sur la collaboration entre les deux exilés,très différents,Lang et Brecht.C'est d'aileurs à peu près la seule intrusion directe du grand dramaturge allemand dans le cinéma..L'ami Oggy qui a déjà dégainé,n'aime pas le film et je le trouve bien sévère.

   Il est vrai que Lang a voulu en quelque sorte "polariser" le sujet(au sens film noir,pas au sens obsession) et je pense que cela peut effectivement choquer un peu.Il ne prétend pas faire oeuvre historique car Les bourreaux meurent aussi a été conçu dès le début comme un thriller,par Lang plus que par Brecht cela va de soi.D'une construction relativement éclatée avec plusieurs lignes directrices le film a décontenancé ses rares spectateurs à sa sortie aux Etas-Unis. Présenté en France en 47 avec nombre de films retardés il n'obtint guère plus de succès malgré un timing diminué de 25 minutes(reste encore 1h55).On connaît le sujet ,l'assassinat de Heydrich, "protecteur" de la Tchécoslovaquie. On ne voit pas l'évènement mais l'idée de Fritz Lang est bien ailleurs.Il a déclaré avoir voulu par le biais du canevas policier faire un film informatif sur l'idée même de résistance,méconnue forcément des Américains.Alors Oggy y a vu quelques grosses ficelles probablement et il n'a pas tort.Néanmoins je considère Hangmen... comme un film important,pas  si éloigné de Mabuse... et de M...,non seulement par la mise en scène qui retrouve quelques touches expressionnistes,ombre et lumière,menaces,scènes de rue et importance du "monumental" (façades, brasserie, immeuble), mais aussi par l'épineuse question des méthodes qui conduisent la Résistance et la Cause(bonne) à utiliser des moyens guère plus reluisants que ceux de l'oppresseur.Thème éminemment langien,voir les films précités mais aussi Fury,premier film américain,déjà chroniqué ici.

    La dispersion du film nuit certainement à la clarté,passant du rôle du collabo à la fuite du héros traqué et au sort des otages.Mais tout de même,quelques images frappantes demeurent,certaines ellipses foudroyantes, le chapeau de l'inspecteur gestapiste par exemple, roulant sur lui-même pendant que meurt le tortionnaire.Pour conclure je pense que ce film,peu diffusé je crois,est partie prenante de la cohérence langienne,dont je prétends à chaque article le concernant, qu'elle est totale depuis Les Araignées jusqu'au tout dernier,en 60,Le diabolique Dr.Mabuse.Enfin je ne peux que conseiller l'excellent film de Douglas Sirk Hitler's madman,de 1943,qui raconte la même histoire,plus centrée cependant sur l'évènement en soi, l'attentat contre Heydrich.Oggy s'il l'a vu,me donnera certainement son avis.

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Commentaires
D
oui je pense qu'il est visible en DVD, mais je n'ai pas les références exactes. Je suis très contente d'avoir découvert votre blog et votre passion de cinéphile. <br /> Danielle Bleitrach
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E
Merci Madame de ces précisions.Je connais le nom de Humphrey Jennings sans avoir vu le moindre film malgré une rétro à la Cinémathèque où je ne me rends hélas que peu souvent.Savez-vous si Le village silence est visible en DVD?Merci encore.
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D
je vous remercie de votre réponse, je partage votre vision tout à fait positive des "bourreaux", lang lui-même le considérait comme un de ses meilleurs films. Mais puisque vous avez mis en illustration l'affiche du film de Douglas Sirk(Hitler fou) la même année que les "bourreaux" qui lui traite de ce dont le film de Lang ne parle pas à savoir la répression du village de Lidice, je voudrais vous signaler un troisième film, un documentaire passionnant. Il est sorti comme les deux précédents en 1943.<br /> Toujours au titre des vaincus, il faut parler de ces mineurs de la ville de Ystradgynlais dans le Brecknocksire qui en solidarité avec la ville minière martyre de Lidice tournèrent sous la direction de Humphrey Jenning un documentaire qui en appelait à la solidarité des mineurs contre la menace nazie. Le film s’appelle Le village silence. Le tournage a débuté en septembre 1942 et s’est poursuivi jusqu’en décembre. Jenning avait voulu qu’aucun des acteurs professionnels ne figure dans le documentaire et il avait conçu le projet en accord avec la communauté minière, veillant à ce que personne ne soit filmé sans son accord et puisse à chaque moment du film veiller sur son image, supprimer le plan dans lequel il intervient. Dès son lacement, le village silence a acquis une grande réputation, il a été désigné comme l’un des 5 meilleurs documentaires de l’année 1943 par le National Board Review. Jennings est d’ailleurs considéré pour l’ensemble de son œuvre sur la guerre mondiale non seulement comme un grand cinéaste mais comme un poète. Le village silencieux est un film pudique, dans lequel on sent chez les mineurs du pays de Galles la crainte constante, une menace qui pèse sur eux, celle de l’invasion nazie, ils sont impassibles, écoutent la radio. Le film a inauguré une solidarité active entre les mineurs Gallois et ceux de Tchécoslovaquie. Avant que madame Thatcher ne les mette à terre et que la fin de la Tchécoslovaquie dans le cadre de l’Europe n’aboutisse aux mêmes résultats pour les mineurs tchèques.
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E
Je vous remercie,Madame,d'apporter les précisions d'une spécialiste et c'est bien volontiers que j'en prends connaissance.Mon blog n'est en aucun cas celui d'un quelconque expert et ne propose que mes propres ressentis.J'avais d'alleurs pris mes précautions,notant "C'est d'ailleurs à peu près la seule intrusion directe du grand dramaturge allemand dans le cinéma."L'à peu près est maintenant corrigé et c'est un honneur pour moi qu'il le soit par quelqu'un dont les travaux sur Brecht et le cinéma soient aussi pointus. Encore merci,Madame,d'avoir pris la peine de lire cette chronique qui n'est,vous l'avez compris,que l'oeuvre d'un amateur de cinéma, musique,littérature, passionné et parfois maladroit.Je vous souhaite pleine réussite pour un livre qui m'intéressera certainement.
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D
Il y a dans votre commentaire un certain nombre d'errurs, en particulier il est faux de dire qu'il s'agit de la seule intrusion de Brecht dans le cinéma. je suis en train d'écrire un livre sur les rapports entre Brecht et Lang, voici un exttrait:<br /> Ce serait opérer un raccourci saisissant que d'inventer un désintérêt ou un mépris de Brecht pour le cinéma, en 1922 dans ses écrits sur l'art et la littérature il consacre un article au cinéma provoqué par son conflit avec Pabst à propos de la version filmée de l’opéra de quat’sous. En 1929, la société Nero-film confie à Pabst le soin de monter l'opéra de quatre sous. Brecht s'est encore rapproché des communistes et il propose un scénario où de petits voyou Macheast devient directeur de banque après se l'être appropriée à la Dillinger, le gangster et ses acolytes se transforment sur les marches d'escalier en cadres supérieurs, le tout en chantant que si l'on a pas d'argent par héritage, il faut s'en emparer par d'autres moyens; les actions sont encore mieux que le couteau et le revolver.<br /> D'ailleurs la complainte finale de Mackie-le-surineur et du Requin, devient celle de Mackie le PDG tandis que celui qu'il a ruiné est sur un banc : "Prouvez que c'est lui qui l'a fait, si vous le pouvez"... <br /> Parce que les producteurs opèrent des transformations sur ce scénario ainsi radicalisé, surtout parce que pabst cède au romantisme de la pègre, Brecht intente un procès mais le perd en 1930, parce qu'il est convaincu de désinvolture dans le travail. Brecht finit par accepter un règlement financier important, le scénario est confié à Belza Balàzs, Pabst réalisateur. Le film connut un très grand succès parce qu'il demeurait explosif et il serait tout à fait important de le revoir dans la conjoncture actuelle.<br /> Comme il serait important de lire l'essai qu'il a tiré de l'expérience et sa réflexion sur le cinéma et la radio comme moyen rapide de diffuser des idées .. <br /> En 1931-1932, il poursuit sur sa lancée enthousiaste en tentant de réaliser un film collectif, Kuhle Wamp oder wen gehört die welt (1932), avec une trame déjà la même celle de petites scènes entremêlées d'histoires individuelles de situation désespérées de chômeurs, Il en écrit le scénario ( avec Ernst Ottwalt et Dudow) participe à la production, et à l’inverse de ce qui s’est passé avec Lang au tournage<br /> « La séquence d’ouverture (la recherche de travail à vélo) est un moment jubilatoire de dramaturggie brechtienne (sans une phrase de dialogue) et de contrepoint sonore, à l’opposé des « séquences de montage « purement ornementales (rappel d’une gloire passée chez des cinéastes formés par le muet : salto mortale de Dupont). Le film, cas isolé d’une esthétique radicale du cinéma (sensible dans le jeu des acteurs prouve le vif intérêt pour le cinéma. Hule wampe parle de la lutte des classes en Allemagne dans le présent (ce que ne fait aucune autre œuvre terminée de Brecht à l’époque). C’est à la fois le sommet et une critique impitoyable du « film prolétarien » avec ses histoires schématiques et larmoyantes de prise de conscience… » Le film est censuré et pas par Hitler par les sociaux démocrates et la droite. . Après c'est l'exil, dans l'exil américain il produira non seulement le scénario des "Bourreaux meurent aussi" mais aussi pour Karl Grune (Pagliacci) . Quand il revient en Allemagne, il produit des poèmes pour Joris Ivens mais il commence un film en 1950 sur mère courage, d'abord avec Engel comme metteur en scène puis avec Wolfgang Staudte interrompue à cause d'une incompatibilité esthétique. En fait, ce qui apparait c'est non pas l'idée reçue du mépris de Brecht pour le cinéma, mais au contraire une conception affirmée dans laquelle il a du mal à rester seulement scénariste.
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O
Mon billet sur ce film :<br /> http://bibliooggy.canalblog.com/archives/2008/06/29/9751606.html#comments
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E
Difficile d'amener une contribution au débat tellement les souvenirs sont flous, mais j'avais apprécié le film de Lang, plus que celui de Sirk. Il m'avait semblé remarquable même si moins brillant que le génial "Ministère de la peur" de la même époque. Et peut-être aussi que l'histoire d'espionnage du second vieillit mieux que la représentation plus "directe" du nazisme du premier.
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E
Merci Oggy de ta réponse rapide.Et vive le dialogue.Il va de soi qu'ici comme chez toi c'est un espace de liberté.A bientôt.
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O
Vu Hitler's Madman il y a tellement longtemps que je ne peux me permettre d'en faire un billet ! Dans mon commentaire, je ne tiens pas à dénigrer le fabuleux metteur en scène de Metropolis. Mais certains aspects historiques ne sont pas à "caricaturer" ! La gestapo a décapité les "terroristes" auteurs de l'attentat à Prague et a déposé leurs têtes sur des étagères afin d'y faire défiler famille, voisins et amis pour les identifier. Les représailles et l'anéantissement de Lidice ne peuvent être occultés par ce film trompeur. Certes la mise en scène est irréprochable et la photographie remarquable mais je n'aime pas cette vision historique bafouée. Je préfère une version comme "Moloch" ou "La chute" où les positions sont franches et réalistes sur ce pan infâme du siècle dernier. Mais ce n'est que mon avis mon cher Eeguab ! Je ne remets aucunement en cause tes brillants sujets.
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O
Très déçu de "Les bourreaux meurent aussi" pour cette parodie d'interrogatoires gestapistes concernant l'assassinat d'Heydrich. La réalité fut différente hélas (pensez à Lidice)et ce film pue le grotesque. On peut regretter un scénario trompeur sur les représailles réelles (le film ne montre que des hommes en attente d'être fusillés) et tronque l'horreur nazie par un semblant de polar. Sur ce coup, j'ai déserté Lang. Heureusement qu'il me reste des merveilles kitsch comme "Le tombeau Hindou" et "Le tigre du Bengale" pour lui pardonner cette infamie.
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