Le souffle un peu court
Il faut bien l'admettre, oui,le souffle des deux frères s'est singulièrement affadi depuis bien des années. Et ce Kaos II(Tu ridi) n'enthousiasme guère comparé au premier opus,une perle de pirandellisme cinématographique où le génie du grand dramaturge s'amalgamait si bien de la mise en scène si profonde des Taviani.Deux nouvelles donc de Pirandello:Tu ris et Deux enlèvements que les Taviani réalisent correctement mais sans la flamme de Kaos,contes siciliens.Dans le premier un ancien baryton devenu comptable au Teatro dell'Opera mène une vie besogneuse. Mais la nuit...il rit,rêves enfuis,souvenirs de gloire,le jour il ne sait plus ce qu'a été sa nuit.Sur cette trame étroite on suit la calme dérive vers une folie plutôt douce,voire un comportement suicidaire.J'ai quand même peiné à ressentir l'émotion qui par contre m'étreint chaque fois que je revois les meilleurs films des frères Taviani.Je les ai vus plusieurs fois pour les plus grands et leur richesse m'enthousiasme encore.
Ca s'arrange un peu avec le deuxième conte.Un jeune garçon est enlevé en Sicile là même où un siècle avant une autre séquestration a eu lieu.Alternant passé et présent l'inspiration revient en partie surtout dans l'exploration visuelle de la Sicile du siècle dernier.(par siècle dernier chez moi entendre le XIXe).Une part de mystère demeure et c'est bien ainsi dans ce rapt crapuleux qui semble très différent de l'enlèvement plus récent.Pourtant le monde de Pirandello et des Taviani recèle en fait une grande violence et on peut voir dans ces deux tragédies l'analyse de la déshumanisation de cette société sicilienne où perce encore l'archaïsme.Kaos II,film somme toute assez cérébral et distant souffre de cette pâleur mais mérite qu'on s'y attache,plus personne en effet ne semblant s'intéresser à ces cinéastes.