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13 septembre 2009

Une vie au veld

  Quatrième incursion dans l'oeuvre de Karel Schoeman.Et,cela n'est pas surprenant,un grand livre,construit un peu autrement et qui se conjugue à la première personne.Une femme au fin fond de l'Afrique du Sud au XIXème Siècle,se meurt et se souvient.On ne sait pas même son prénom et elle pense au passé,seule activité possible à cette vieille fille,vieille soeur,vieille servante presque mais jamais vieille épouse.Elle aura été le témoin,effacé,invisible et omniprésent de la pénible existence de ces Afrikaners pionniers qui certes finiront par s'enrichir en ce pays de pierre,mais à,quel prix.Une fille pour ces plus qu'austères protestants bataves sera toujours moins bien qu'un fils .Pourtant après les disparitions de ses deux frères,mystérieuses,sa relative éducation fera d'elle une sorte d'écrivain public à qui on ne demande pas son avis mais sa plume.

  La mort est fort active,en filigrane mais bien là dans les romans de Karel Schoeman.Je l'ai déjà évoquée dans mes précédents billets sur lui.Notamment dans En étrange pays.C'est aussi que dans ce bout du monde austral ni la Géographie ni l'Histoire ne sont tout à fait comme ailleurs.Je suis intimement persuadé et c'en est parfois bouleversant que des pays comme l'Afrique du Sud ou Israel aiguillonnent les talents.Je ne rappellerai pas la vieille parabole de la Suisse et de l'Italie.L'héroïne de Cette vie nous conte ses souvenirs,un peu confus et jamais assénés en une vérité univoque.Elle nous propose à l'heure dernière de ses jours de douleurs toute une série d'hypothèses sur la mort de ses frères,sur les affaires de son père,sur l'éducation de  son neveu,tâche principale de sa modeste existence.Et l'on aime cette figure qu'on dirait de peu si j'ose dire.Je dirais volontiers qu'il peut y avoir un angle flaubertien à ce portrait.Pourtant le cadre n'est pas la verte Normandie mais ce pays de broussailles et de moutons où les pierres tiennent lieu de croix sur les tombes disséminées et souvent enneigées au coeur profond du veld résonnant des cris des chacals et du vent hurlant.

   La narratrice à de nombreuses reprises se questionne mais peut-être est-ce le délire sur sa légitimité à se souvenir.Sûre de rien elle pense mais ne pleure pas sur son sort,elle pense à son passé et à cette grande maison,bien améliorée au fil des ans,à cette chambre qu'elle n'a pas quittée depuis 70 ans.Et toutes ces bribes d'avant,ces miettes d'une famille déchirée et violente,composent une symphonie d'un beau pays,un pays bien-aimé comme l'écrivait le précurseur de la littérature sud-africaine Alan Paton.Dont Karel Schoeman est un digne héritier.J'aimerais convaincre.

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Commentaires
A
Si, moi je suis convaicue ... de continuer à lire cet auteur. Il faut dire que je retrouve dans ta note tout ce que j'ai aimé dans très beau roman, en plus du vent et des chacals. La voix de cette femme oubliée, utilisée, est cependant, finalement la seule qui reste.
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T
Bonjour Eeguab, <br /> J'étais un grand lecteur, adolescent. <br /> Depuis l'âge adulte, je ne parviens plus à me trouver de "vrai" temps pour lire, et je le regrette. <br /> <br /> Je ne lis que dans les transports en commun. <br /> A la maison, mon temps loisir est pris par la musique et la vidéo. Car quoi qu'on en dise, la lecture demeure demande une véritable concentration. C'est plus qu'un loisir !<br /> <br /> Bref, à chaque fois que je lis des critiques intéressantes, ça en devient frustrant.
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