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BLOGART(LA COMTESSE)
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27 novembre 2009

Les carillons de minuit

                  Sous ce titre j'aborde un film dont j'ai déjà un peu devisé mais j'ai eu le plaisir de le présenter en ma bonne ville picarde pour l'Université du Temps Libre et c'est avec beaucoup de joie que j'ai pu le faire découvrir.L a richesse de Falstaff est telle que chaque vision en renforce la beauté.Si Macbeth en 48 trahissait encore une assez forte théâtralité,si Othello en 52 pouvait apparaître remativement décousu(mais là je chipote) Orson Welles réussit en 65 avec Falstaff,Chimes at midnight,la meilleure adaptation  de l'univers de Shakespeare,définitive et qui éclate à tout moment dans ce qui était au départ un bricolage hallucinant à partir de quatre pièces du grand Will.Falstaff,seul rôle comique de l'acteur Orson Welles transcende les genres pour aboutir à cette tragédie bouffonne où le héros,pleutre pitoyable et menteur mais surtout homme tout de bonté  échappe à Hamlet et Othello ces géniaux archétypes d'une totale noirceur.Falstaff c'est Rabelais,c''est la vie et la poésie qui veulent sauver encore l'Old Merry England,celle des Joyeuses commères de Windsor,celle de ripaille et de liberté, de truculence et de nostalgie.

  Pourtant Falstaff n'est qu'un personnage  secondaire dans Henry IV,Henry V,Richard II,les pièces de Shakespeare amalgamées par Orson Welles.Le gros homme,bouffon à la panse énorme et au verbe haut devient plus que l'alter ego de Welles.C'est maintenant un caractère magnifique et poétique à sa manière,loin des princes shakespeariens et plus enore des Quinlan ou Arkadin,autres démesurés wellesiens.Sous le corps obèse et aggravé par les cadrages,bouffi et plein d'alcool perce un esprit fin et ouvert,un philosophe dont la liberté nous émeut.

   Welles recrée en Andalousie l'Angleterre élisabéthaine pour cet adieu à l'enfance qui verra le joyeux Jack Falstaff mourir de chagrin lorsque le prince Hal devenu Henry V se détournera de son ami,son mentor ès freudaines de jeunesse.Le prologue hivernal où l'on entend le juge Shallow,crécelle,et Falstaff,bourdon est déjà un modèle d'utilisation du son au cinéma.Si la première partie de Falstaff est encore très farce et libertaire dans cette campagne anglaise riante et arrosée toutes les scènes où le pouvoir en place apparaît(John Gielgud,grande figure shakespearienne dans le rôle de Henry IV) nous ramènent à la dureté de la pierre des palais et à l'écrasante difficulté de régner.Scènes verticales,de murs et de lances,par opposition aux espaces pastoraux et végétaux où s'ébrouent Falstaff et ses amis.Mais je n'en finirais pas de décrire les enchantements des Carillons de minuit.

   Je ne dirai que quelques mots de plus sur la plus belle bataille du cinéma malgré la rude concurrence d'Alexandre Nevski.Cette bataille de Shrewsbury contre les rebelles est importante dans l'histoire de l'Angleterre.17 minutes de bruit et de fureur,presque sans paroles,un tiers de la totalité des plans du film et la silhouette ronde de Falstaff,trouillard et combattant de la dernière heure,courant de ci de là comme un personnage d'animation.Extraordinaire.On pense à Eisenstein déjà cité,à Griffith,à Ford.La bataille,épuisée,se ralentit.Les cavaliers sont devenus piétaille,la piétaille s'st couchée.Règne la boue.Le pouvoir légal a gagné.Le roi est mort.Vive le roi.Le jeune roi Henry V va renier le gros homme qui l'aimait,tout à sa tâche de maître du pays.Simplement, Falstaff le bouffon meurt d'aimer.

Images   http://www.youtube.com/watch?v=eii4_wbuPJY

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24 novembre 2009

Rock big bands

      

   Quand se zébrait de cuivres fulgurants l'agonie des sixties...

album_blood_sweat_tears

http://www.youtube.com/watch?v=cKnHn-A5TNQ] Smiling phases Blood Sweat and Tears

http://www.youtube.com/watch?v=soLIZ4W0rZw 25 or 6 to 4 Chicago Transit Authority

http://www.youtube.com/watch?v=huPzVVl9QSQ  Clown The Flock

http://www.youtube.com/watch?v=_EBMo8xHGNs Vehicle The Ides of March

   Quand il n'y a rien à dire,rien à lire.Quand il n'y a qu'à écouter...

19 novembre 2009

A la lanterne

                   On est évidemment encore loin des Riches heures du muet.L'expo La lanterne magique est un joli moment d'histoire,d'évasion et d'étonnement.Ce pré-,que dis-je,ce proto-cinéma est très riche d'inventions,de couleurs,de fantaisie aussi.Depuis 1659 la lanterne magique née en Hollande a conquis l'Europe.Elle a servi à tout: distraction, religion, morale, révolution, propagande, pornographie, pédagogie,science.

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        A l'évidence elle a influencé Verne,Méliès,Bunuel, les Surréalistes, Bergman, Lynch.Coppola signe la préface du copieux catalogue.On peut même s'amuser à manipuler les tirettes pour animer quelques scènes. Proust,Prévert lui ont consacré quelques belles lignes.et à l'heure où l'on semble redécouvrir Fellini comment ne pas faire le lien entre le plus magique des montreurs d'imaginaire et ce jouet extraordinaire que la Cinémathèque nous propose en différentes versions aux noms parfois très compliqués mais qui rutilent,qui rutilent?Le cinéma,attraction foraine?Ah oui alors et dans toute sa grandeur...

16 novembre 2009

Cafés viennois d'entre deux guerres

http://www.alapage.com/m/ps/mpid:MP-2AA8BM2004206#moid:MO-2AA8BM3438963

   On connaît le Viennois Joseph Roth surtout pour La marche de Radetzky et La légende du saint buveur.On sait sa fin parisienne et alcoolique juste avant le déluge en 1939.Encore sous-estimé par rapport à ses amis Zweig ou Musil par exemple on sait moins ses débuts dans le journalisme et c'est l'objet de ce passionnant recueil de quelques-uns de  ses textes parus pour Images viennoises dans Der neue tag en Autriche vers 1920 et pour Cabinet des figures de cire dans Die Frankfürte Zeitung en 1929 en Allemagne.Bien sûr on retrouve les accents de cette Mitteleuropa qu'on aime tant d'autant plus qu'entre les deux horreurs ce monde a déjà opéré une première bascule qui ne sera pas la dernière.Mais ces textes très brefs permettent aussi à Roth de savoureuses digressions sur le temps par exemple:le très curieux Voile qui recouvre une horloge d'une feuille de journal.Ou ses interrogations sur L'avenir des théâtres impériaux en cette époque où L'Autriche-Hongrie a vécu et ne se doute pas encore de ce qui l'attend.

  Mais je suis surtout ébloui par la prose de Joseph Roth,Juif Galicien,quand il dépeint en quelques pages Le portier d'un grand hôtel.L'hôtel où Roth a beaucoup vécu est un personnage important dans ce Cabinet des figures de cire et cet homme aux clefs d'or nous fait irrémédiablement penser au Dernier des hommes de Murnau,quasi contemporain. Journaliste, Roth nous entraîne aussi dans les coulisses de la presse avec le portrait du Rédacteur de nuit,oiseau nocturne appréhendant l'actualité de toute sa foi en ce métier et "rangeant" les nouvelles dans l'intérêt de ses lecteurs.En ces heures ultra-matinales l'odeur d'imprimerie se mêle là celle des cafés et le rédacteur de nuit se prend à rêver,pas longtemps,à cette nouvelle Europe Centrale.

  Le futur n'est pas sûr mais ses lignes sur une Arrivée en  Albanie sonnent pourtant comme le kafkaïen destin de  ce pays.Et vous saluerez Le congrès qui m'a paru comme mis en scène par Lubitsch,avec petits délégués nerveux et grégaires dansant sur un volcan mais l'ignorant encore.Joseph Roth publierait La marche de Radetzky en 32 avant de quitter l'Allemagne comme beaucoup d'autres.

Joseph Roth(1896-1939) http://www.alapage.com/m/pl/malid:15859517

14 novembre 2009

Veuf et pigeon

pigeon                  

    De l'âge d'or de la Comédie italienne j'ai extrait aujourd'hui le célèbre Pigeon de Monicelli et le moins célèbre mais cocasse Veuf de Risi.Même millésime à peu près,1959.Le pigeon n'a rien perdu de ses ailes qui paillonnent toujours au firmamentdes comédies drôles (pas si fréquent),défintivement drôles.On connaît l'argument que l'on doit un peu à Jules Dassin et à son Rififi chez les hommes,célèbre récit d'un hold up que Monicelli souhaitait parodier.On parle aussi d'une vague nouvelle d'Italo Calvino mais je n'en ai guère trouvé trace.De toute façon Le pigeon devait très vite creuser son propre sillon er devenir lui-même film référence du casse manqué (à ce niveau de ratage c'est du grand art) et surtout du renouveau de la Comédie italienne qui,si elle existait avant Le pigeon,n'avait pas cette fougue ni cette ironie.Le film de Monicelli,au titre italien I soliti ignoti,Les inconnus habituels,autrement plus fort et dérisoire,marche en fait sur les brisées du Néoréalisme maintenant défunt puisque ses cinq maîtres ont tous suivi d'autres voies.Mais un néoréalisme version optimiste,ce qui n'est guère le cas du Voleur de bicyclette ou de Sciuscia.

    Sans refaire l'histoire du cinéma italien rappelons vite fait les origines multiples de la comédie italienne,le théâtre antique de Plaute,Goldoni,la farce napolitaine,les intermèdes comiques du cinéma muet,et une certaine littérature,par exemple Nouvelles romaines de Moravia .Beaucoup de choses passionnantes dans Le pigeon.Le parrainage du grand Toto qui en prof de casse joue presque son propre rôle de passeur de relais de la comédie à ces jeunes loups que sont Gassman et Mastroianni.Le melting pot à l'italienne qui inclut un Sicilien plus qu'ombrageux,un Nordiste(Gassman) hâbleur et un peu méprisant pour ceux du Sud,un orphelin romain qui cache pudiquement sa condition et ses trois "mamans" de l'institution.Le ratage permanent qui inonde le film dès les premières images de vol de voiture,l'humour désespéré,typiquement italien,italianissime dirai-je,de ces branquignols qui croient peut-être aux lendemains qui chantent(pas sûr).Toutes ces scènes  pour moi inoubliables,l'enterrementde Cosimo où ce grand flandrin de Gassman n'ose pas lui-même porter son bouquet,la visite de Mastroianni à sa femme en prison,scène ou Monicelli renverse habilement le cliché du mari incarcéré avec ce personnage féminin fort qui a fait bouillir la marmite devant l'infantilisme de son époux;ceci en trafiquant les cigarettes,l'ahurissant hold up,pas loin de vingt minutes avec le butin que l'on sait.

  Mais pour moi le plus beau du Pigeon c'est ce petit matin,nos héros attendant leur bus,pour une nouvelle journée qui,qui sait,sera peut-être moins galère.Je ne serai pas aussi affirmatif.Je le serai par contre sur la prodigieuse réussite de ce film et de son équipe car les scénaristes ont fait là un bien beau travail.Allez vous en étonner sachant qu'il s'agit d'Age-Scarpelli et de Suso Cecchi d'Amico.I soliti ignoti est aujourd'hui aussi drôle qu'à sa sortie.Comme Chaplin et comme,comme qui au fait?

  veuf

   Avec Le veuf de Dino Risi c'est toute la veulerie d'Alberto Sordi,prodigieux pleurnichard hypocrite de tant de comédies plutôt acerbes.Contrairement aux héros du Pigeon le personnage de Sordi,homme d'affaires milanais,mais surtout époux d'une dame fortunée,n'attire pas immédiatement notre sympathie.Mais comme souvent chez les "monstres" de Risi toute leur mauvaise foi,leur vénalité,leur misogynie,leur comédie face à la vie finissent par nous convaincre qu'avec tant de défauts un homme ne peut être complètement mauvais.Füt-il un Sordi assassin de sa femme ou qui tente de l'être.Pleutre et génial Sordi,moins exportable que Gassman ou Mastroianni,plus romain courtelino-combinard que vrai Matamore,apporte à la plupart de ses films ce délire à l'italienne,troppo troppo.

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8 novembre 2009

J'peux vraiment pas les voir en peinture(10)

  C'est bien vrai.J'peux vraiment pas le voir en peinture cet Homme au chaperon bleu que je viens d'admirer en la fabuleuse exposition Collection Brukenthal au Musée Jacquemart-André.Pas mal de monde  Boulevard Haussmann pour ce bel ensemble de tableaux flamands,hollandais surtout,venus de Roumanie.Et cette toile de petite taille dont la magie six fois séculaire me séduit profondément.Jan Van Eyck a peint ce noble des Flandres vers 1430.J'y trouve une élégance austère,un ton d'un bleu au grain troublant,le jeu des doigts comme perplexe.Je ne sais pas bien parler des peintures que j'aime et cela n'a guère d'importance.Vous qui passez,parfois au hasard,peut-être serez-vous touchés par cette grâce.

5 novembre 2009

Ce quinquagénaire respire encore

    J'ai donc eu l'occasion d'intervenir cette année entre autres sur ce célébrissime film qui annonce fièrement ses cinquante ans.J'ai pu constater que contrairement à bien des films plus jeunes il porte encore très beau.Ce fut un vrai plaisir de suivre à nouveau Michel Poiccard,ce petit voyou auquel Belmondo effarant de naturel prête sa voix,sa dégaine et sa présence.Ne revenons pas sur l'époque,les Cahiers du Cinéma,la déclaration de guerre de ces jeunes gens en colère.Tout cela est,je crois,bien connu.Du petit canevas de Truffaut Godard a su tirer le meilleur pour en faire ce film moins mal foutu qu'on ne l'a dit,mais plus libre encore et qui devait rester le seul succès populaire de son auteur.Je vais simplement notamment pour les plus jeunes évoquer dix bonnes raisons de voir et d'aimer A bout de souffle.

   Cette succession d'images rapides et expressives,images de rues et dialogues souvent couverts par les bruits urbains,chose révolutionnaire en ce temps de qualité française très "articulée".Ce tempo syncopé de Martial Solal,ces leitmotives musicaux qui évoluent comme des scooters dans un Paris 1959 où l'on roule et se gare.Hallucinant.

   Cettec réalité polyphonique saisie par JLG qui bouleverse le linéaire et capte l'intensité et la fugacité,fragrances d'une histoire ordinaire,comme au cinéma,de série B par exemple.Cette sensation d'improvisation pas si vraie et  d'éphémère qui oscille d'aparté en onomatopées,bulles de B.D. en quelque sorte.Ces allusions ciné;Il faut vivre dangereusement et pêle-mêle,très pêle-mêle, Melville, Preminger, Hiroshima mon amour,Cocteau,le Western,les Cahiers et "Vous n'avez rien contre la jeunesse".Et Bogart....

  Cet exotique accent de Seberg ,cette omniprésence de la presse,journaux parfois pour se planquer.Cette vitesse d'exécution où Belmondo allume cigarette au mégot précédent."Tout,terriblement",disait Apollinaire.Cette américanophilie en ce Paris tout fluide si pratique pour courir,si pratique pour mourir.Deux fermetures à l'iris,l'ombre de Griffith,la voix de Godard,plusieurs fois dont au moins une très hors sujet.Ces travelings de filatures,ces flics agités un peu Dupont et Dupond...Liste non exhaustive,A bout de souflle étant un film interactif ou vous trouverez ce que vous y apporterez à condition d'accepter ce beau voyage en cinéma,un cinéma que j'ai rarement vu aussi libre.Foutraque,parfois peu audible comme l'étonnant entretien avec l'écrivain Parvulesco-Melville,irritant,mais libre et... décisif.Décisif comme cet ultime traveling rue Campagne Première et son passage clouté où Michel Poiccard agonise depuis cinquante ans sous le regard des cinéphiles pélerins.

http://www.youtube.com/watch?v=XvHNdh1zkes Entretien avec le grand auteur

L'avis de Bastien  Godard Jean-Luc (1)

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