Eloge de la folie
Les films italiens ne sont pas légion sur nos écrans.Vincere (vaincre) de Marco Bellochio revient sur l'épouse morganatique(?) de Mussolini.Mais Vincere ne se veut pas politique à mon sens et le Duce n'est présent que dans la première partie.Ce n'est pas le énième film sur la montée des Chemises Noires.Ce qui intéresse plutôt Bellochio,très sensible dans sa filmo au thème de la folie,c'est cet opéra funèbre qu'a constitué la liaison de Mussolini jeune et d'Ida Dalser.c'est ce ballet nocturne dans Milan,une ville qui semble étouffer.C'est la théatralisation extrême de cette histoire d'amour somme toute assez brève au coeur d'une Italie qui veut jouer dans la cour des grands après la Grande Guerre et finira par se jeter dans les bras d'un histrion pathétique et qui,il faut bien le dire,fascina au moins un temps presque tout le pays.
Alors évidemment ce parti pris n'est pas exempt d'emphase et la musique,si elle prend parfois des accents verdiens par son rapport à l'histoire,peut apparaître à certains outrageusement pléonastique.De même on peut s'irriter du procédé d'identification d'Ida, internée et séparée de son fils,avec le Kid de Chaplin.C'est que ce pauvre Kid a déjà payé un lourd tribut au cinéma par son exemplarité (asile, prison, orphelinat).Bellochio aurait pu s'abstenir de quelques artifices mais je crois qu'il les assume pour nous conduire où il le voulait vraiment,à ce relatif panégyrique de la mère abandonnée,la très prenante Giovanna Mezzogiorno.On en arrive à oublier trop vite Mussolini,pas particulièrement courageux ni élégant on l'aura compris.Cela peut décevoir certains mais le propos encore une fois n'était pas historique.On en voit guère la clarté du jour dans Vincere.Faut-il le prendre comme un symbole de plus sur la longue nuit transalpine?On assiste à cette sorte d'exil mental de la jeune femme qui paiera cher d'avoir aimé.
Traversé d'archives que j'ai trouvées bien amenées,ce qui est loin d'être toujours le cas,Vincere,s'il nest pas sans défaut (la maladresse évoquée chez l"ami Nightswimming sur l'emploi du même acteur pour le père et le fils étant la plus criante) me semble assez bien témoigner de la vigueur des vétérans italiens,Bellochio n'étant plus vraiment un débutant.Je reviens une seconde sur Giovanna Mezzogiorno actrice chez laquelle on retrouve bien la fièvre de son père Vittorio.