Le second,non,le deuxième,et puis je m'y perds

                Il s'appelait Edwin Buzz Aldrin et arriva sur la Lune en deuxième position.Comment voulez-vous vous remettre d'une telle expérience?Le passionnant premier roman du jeune auteur norvégien Johan Harstad nous présente Mattias,né la nuit de juillet 69 où un petit pas pour l'homme etc...Mattias garde de cette date une fascination pour le "rouage" Aldrin en cette mission Apollo 11.Plutôt nanti en une société nordique sans trop de problèmes majeurs Mattias n'aura qu'un but,curieux,une sorte de quête d'un anonymat qu'il pensera trouver aux Iles Féroé,ce confetti en voie de boréal où les arbres s'apparentent plus aux lichens qu'aux séquoias.Mais il n'y trouvera qu'une intranquillité et quelques amis en équilibre instable.Harstad revient régulièrement au destin d'Aldrin,agité lui aussi.Ce parallèle entre le deuxième homme et cet autre homme,Mattias,souffrant d'être le premier pour ses parents par exemple,et même le seul,est extraordinaire de précision et d'intériorisation d'un héros septentrional.On sait depuis les auteurs de polars de là-haut que nuit polaire,soleil de minuit et saunas baltiques n'assurent pas forcément la félicité.

       Ce roman,récent,est à ma connaissance peu présent dans les critiques.Je l'ai emprunté par hasard  à la Bibliothèque Municipale.Cela m'arrive parfois,au vu de la couverture,du titre,ou de quelques lignes au dos.J'aimerais beaucoup avoir l'avis d'autres lecteurs car il m'a semblé vraiment original tant par sa géographie (peu de romans se passent aux Féroé) que par ses influences revendiquées du côté d'un certain rock un peu désespérant,du côté aussi d'un absurde quelque peu tartaro-buzzatien.Archives psychiatriques au milieu de nulle part.Inquiétant non?Un personnage arrive seul sur un canot,venant de l'Ouest.Plutôt troublant. Normalement on fait naufrage dans une île du Pacifique Sud.Visiblement ce passionnant roman m'a tourneboulé.Perdrez-vous un peu la boussole,vous aussi?Et si oui mais où serez-vous donc passés?

Comments

[lintelograve]

J'ai lu ce roman que j'ai trouvé très attachant même dans les moments où il dépeint le vague à l'âme, les jours où il ne se passe rien. Le ton y est très juste, comme s'il avait utilisé beaucoup de lui même pour l'écrire. J'aime également être surpris par le récit, et là, c'est génial, il ne suit aucun code conventionnel. Par contre, pour moi, le thème central du livre n'a jamais été abordé dans les critiques du bouquin (en français en tout cas) et au passage chapeau à l'interview de qualité sur le site de Lettrines. Ce que j'en ai retenu, c'est que c'est un jeune homme qui a un don pour le chant et même qui parait doué dans beaucoup de domaines sauf que, comme toutes les personnes qui ont un haut potentiel, il lutte sans arrêt contre sa différence et essaie de se fondre dans la société. Finalement, il trouve des personnes qui sont comme lui (Carl, Havstein, et les titulaires des dossiers psychiatriques). De plus, l'objet de recherche de Havstein, le psy du groupe débouche sur un classement des cas d'internés psychiatriques qu'il classe en bon et mauvais... Le suspens est tendu pour comprendre quelle est la nature de cette différence entre des personnes qui ont pété les plombs, mais l'auteur ne nous fait pas ce cadeau. Le psy dit au héros à l'oreille des mots que seul lui entend et qui change sa vision.J'aurais bien aimé qu'il soit plus clair. Cela reste néanmoins un roman à conseiller à tous ceux qui s'intéressent à la psychologie.

[In Cold Blog]

Tu confirmes la bonne impression que m'avait laissé le billet d'Anne-Sophie sur ce roman. En plus, la couverture est très sympa ;)

[dasola]

Bonjour Buzz (pardon eeguab). Pas du tout entendu parler de ce roman. Je le retiens car ton résumé m'intrigue. Et puis j'ai eu l'insigne honneur de croiser en vrai (si, si), Buzz Aldrin, quand j'ai travaillé 4 mois à l'Ambassade de France à Washington au moment des voeux de fin d'année. C'est un monsieur volubile. Bonne journée.