Monsieur Clavel
On ne lisait plus guère Bernard Clavel à l'heure de Houellebecq et Nothomb.Clavel c'est pourtant tout autre chose que du roman de terroir hyperformaté.Je ne reviendrai pas sur sa vie qu'il a si bien romancée dans sa tétralogie majeure La grande patience dont les jurés du Goncourt ne crurent pas déchoir en le couronnant pour l'ultime tome Les fruits de l'hiver.Cet autodidacte, apprenti patissier,amoureux de ses terres du Haut Jura,des embruns d'Irlande et du blanc Labrador,conteur intarissable aux sagas autrement bien fichues que les pensums télévisuels (je pense à sa remarquable série sur la Guerre de Trente Ans,Les colonnes du ciel),cet homme,citoyen avant l'actuel et navrant galvaudage de ce beau substantif,ce pacifique convaincu (j'aime mieux que pacifiste mais peut-être Bernard Clavel n'aurait-il pas aimé) était l'un des écrivains de chevet de mon père avec ses premiers ouvrages L'ouvrier de la nuit,L'Espagnol.
Ca me ramène à des jours anciens mais je voudrais insister sur toute la qualité de l'écriture de Clavel,évidemment plus très en cour,mais si consciencieuse et terrienne au sens le plus noble du terme.Même le souvent condescendant Télérama le traite en grand écrivain.Je ne suis pas certain de lire à nouveau Monsieur Clavel,la vie étant courte et les auteurs si nombreux.Mais je tiens à l'appeler ainsi,ne serait-ce que pour le plaisir de lire qu'il a donné à bien des gens et la détermination qui a guidé toute son oeuvre.Emballé par Le silence des armes je lui avais d'ailleurs écrit.Et ses apparitions chez Bernard Pivot étaient toujours savoureuses,notamment une historique émission d'Apostrophes où avec Brassens ils avaient parlé de l'armée,de la guerre et de la paix.Dans les hommages j'ai souvent lu à propos de Monsieur Clavel "de la belle ouvrage".C'est tout à fait ça.