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21 novembre 2010

Les dessous de la reine

                         En 1928, Erich Von Stroheim était considéré comme probablement génial mais ingérable, ambitieux et talentueux mais si pointilleux, et si difficile,et Gloria Swanson comme l’une des actrices très en cour. Avec Joe Kennedy,le douteux père d'hommes politiques dont il s'avéra que bien qu'assassinés ils étaient loin d'avoir toutes les vertus y compris sur le plan politique, en tant que coproducteur, les deux stars pensaient réaliser avec Queen Kelly un film qui ferait date.. Mais une fois encore Stroheim allait mériter son statut de maudit.Après trois mois de tournage, Le Chanteur de Jazz fait son apparition et bouleverse le paysage cinématographique.On peine à imaginer aujourd'hui la panique qui saisit producteurs, acteurs,réalisateurs,et tous les techniciens de  cette industrie basculant dans le parlant,ou du moins le sonore.Beaucoup de poisse pour un film,Stroheim et ses exigences n'étant pas le moindre frein à sa propre carrière. Joseph Kennedy décide d’arrêter les frais et de bloquer le film pensant qu’un muet était désormais voué à l’échec.  Gloria Swanson décide néanmoins de tourner une fin hâtive qui voyait la mort de son personnage et le suicide du Prince Wolfram fou de chagrin.Stroheim refusa de voir cette œuvre ‘bâtarde’ distribuée aux U.S.A. En effet, de trente bobines (5 heures de film) initialement prévues, il n’avait pu en tourner que dix.                

             Queen Kelly est à mon sens avec Greed et Foolish wives l'une des trois pièces maîtresses de la saga stroheimienne.Une fois de plus ce film lui a échappé mais ce qu'il y a de vraiment fabuleux avec Stroheim c'est que même disgrâciées et atrophiées ses oeuvres restent pure merveille de cinéma.Les deux premières scènes du film sont admirables.La présentation de la reine Régina dans son lit,entourée de ses alcools,ses cigares et ses drogues,nudité voilée par un chat particulièrement débile,est ahurissante de férocité,allégorie de la fin des empires européens,de la décrépitude de leurs héritiers,de la fin d'un monde qui fut encore celui de l'enfance de Stroheim à Vienne.Antithèse  presque parfaite la deuxième scènes nous montre un conte de fée au cours duquel un Prince tombe amoureux d’une orpheline rencontrée au bord d’une route,en promenade avec ses condisciples du couvent,le tout d'une blancheur virginale. L'officier,fiancé de la reine,se révèle  un personnage attachant, noceur, libertin et bon vivant mais capable de romantisme et de sentiments à ses heures.Les lignes formées par le groupe des orphelines et celui des cavaliers sont un bien joli moment de géométrie cinématographique. Queen Kelly est un film parcouru de sensualité,d'érotisme et vire à une certaine obscénité dans les ultimes séquences africaines,manifeste surtout dans cet ahurissant mariage entre le vieux souteneur libidineux, syphilitique,baveux et alcoolisé et la jeune héroïne sur le pas encore cadavre d'une improbable tante qui lègue à Kelly ...son bordel au Tanganyyka.

Queen_20Kelly_22

      Tully Marshall est remarquable de monstruosité dans la peau de ce personnage. Ces vingt minutes de démesure ont failli ne jamais voir le jour.Le film se termine ici, le reste prévu dans le scénario nous étant résumé en quelques minutes à l’aide de cartons et photos de tournage.Tout compte fait l'extravagance assumée du scénario qui ne craint pas les injures à la  vraisemblance,le baroque parfois kitschissime et brutal des oppositions,la flamboyance du noir et blanc et de l'Europe Centrale à l'Afrique presque australe,le dialogue nord-sud ainsi explosif,font de Queen Kelly malgré ses manques et ses outrances un des meilleurs films muets de la dernière période.Et surtout,pour moi,une de ces oeuvres qui me font penser que le cinéma  a souvent perdu en se mettant à parler et surtout,trop souvent à causer, causer, causer...

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Commentaires
C
L'excellent von Stroheim ! J'ai le très beauc coffret de chez MK2. C'était l'épouqe où cet éditeur avait une politique ambitieuse ! Mais j'attends toujours de revoir Les rapaces. Impossible à trouver en DVD...
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