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25 novembre 2010

Transes atlantiques ou de l'Alentejo à Manhattan

                   Qu'est-ce qui fait qu'un blogueur décide d'écrire quelques mots sur ceci ou cela?Voilà une bonne raison:tenir une promesse.Avant toute chose "Bom dia,obrigado" à l'ami

  • D&D et ses 25 images
  • qui m'a donné envie depuis longtemps de me pencher sur un centenaire.Ma lusophonie étant épuisée par les trois mots précités le reste de cette chronique sera rédigé en français.C'est fait,j'ai vu un film de Manoel de Oliveira,je n'ai donc plus que 55 films de retard sur D&D,en ce qui concerne le grand cinéaste portugais.Oh je me doutais bien qu'il avait des qualités,cet homme,pour avoir traversé le siècle comme tout bon navigateur portugais du XVIème Siècle qui se respecte.

         Je vais vous dire d'abord ce que j'ignore,enfin non,pas tout.Rarement,non,jamais visibles chez moi,les films de M. de O. me sont inconnus et je ne saurais prétendre si Christophe Colomb,l'énigme,est une perle,une étape,une récréation,une vieille promesse tenue à l'histoire de son pays,représentative ou non de sa filmo,une sorte de fantaisie poétique,un hommage... Non,je ne sais rien de tout cela mais D&D vous en dira plus.Il n'est pas très prodigue de ses textes mais toujours intéressant et M. de O.,pourtant protéiforme n'a guère de  secrets pour lui.Bref revenons aux balbutiements critiques d'un spectateur moins que lambda qui pour la première fois s'est frotté à l'univers du grand seigneur lusitanien.

          D'une belle sobriété,comme un voyage un peu secret mais qui finit par irradier de calme et de beauté, Christophe Colomb l'énigme part d'un à priori,d'un pourquoi pas.Colomb aurait été portugais.Et oui,pourquoi pas?Si la poésie est là,si le vent de la mer souffle haut et fort et nous porte,si l'Histoire est un peu malmenée mais que les images en sont magiques,je suis prêt pour un Colomb norvégien ou moldave.Curieusement et ce n'est pas le moindre des paradoxes, on part du "voyageur par excellence"  Ulysse et de sa Méditerranée,qui comme chacun sait (vraiment chacun?) ne baigne pas le Portugal.Deux frères quittent le pays pour l'Amérique.Là encore paradoxe pour le profane que je suis,l'Amérique du Nord et non le Brésil comme je l'aurais cru.Il faut s'y faire les habitants des Açores notamment ont beaucoup migré vers ce qui devait devenir les Etats-Unis.Je le sais je l'ai appris chez Manoel.Deux frères arrivent donc à New York,et deux valises.Une douzaine d'années plus tard,1960,l'un d'entre eux devenu médecin se marie au pays et son voyage de noces ne le conduit pas à Venise,comme tout le monde,mais dans un Portugal qu'il connaît mal,sur les traces de la maison de Christophe Colomb,enfin de sa mère car Colomb serait le fils d'un duc de Beja et aurait des ascendances juives.Au fond de l'Alentejo le couple cherche des traces de vie,de passage,de rares reliefs d'une histoire oubliée du Portugal lui-même.Puis sur l'île de Porto Santo à Madère.M. de O. a fait tenir le rôle par son propre petit-fils,accentuant par là le côté autobiographique,je je risquerais le néologisme autogéobiographique.

        On retrouve le couple plus de 45 ans après,interprété par M. de O. en personne,et sa propre épouse.Fascinante enquête,on ne peut pas ne pas penser à Pessoa,d'ailleurs cité.Le vieux couple,bouleversant et limpide,complice et amoureux,en un va et vient Europe-Amérique,nous évoque ces Grandes Découvertes,ces Vasco, Cabral, Pinto, Magellan et se construit ainsi à nos yeux un puzzle où les cartes murales reprendraient vie,nanties de caravelles et de portulans.Autre symbole,sublime,les deux frères au début du film débarquent à Manhattan dans le brouillard et n'ont pas vu la Liberté.Le voyage de Christophe Colomb,l'énigme est l'un des plus beaux qui se puissent,sous la houlette d'un capitaine à l'oeil vif,auréolé d'un piano infiniment touchant.Une jeune femme traverse aussi le film,apparition couleurs Portugal,et c'est simple,évident.A des années-lumières d'un cinéma de l'esbrouffe ou d'un nombrilisme de pacotille,en 1h15mn,ce bien beau film m'a bercé,grâces en soient rendues à Manoel de Oliveira et à son disciple D&D.

    http://www.youtube.com/watch?v=5FJ82yTL_CY  Quelques images

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    D
    Bom dia Eeguab !<br /> <br /> Muito, muito obrigado pour tes attentions si amicales. Elles me touchent, bien sûr. Et me voilà tout joyeux aussi que cette première rencontre se soit si heureusement déroulée avec ce maître « protéiforme ». <br /> « Rarement, non, jamais visibles chez moi, les films de M. de O » : tu évoques quelque chose de bien douloureux quant à la distribution des films aujourd’hui. Il est bien évident que les films de M. de O ne vont pas exploser le box-office, mais tout autant que bien des spectateurs se voient imposés un choix bien trop limité de propositions. Je suis régulièrement tenté d’écrire quelque chose sur des gens qui se battent ici et là pour lutter contre ça et recréer du possible. <br /> Le possible, loin des mirages d’extrêmes sophistications et de l’esbroufe dont tu parles, c’est aussi cet avènement de la simplicité, de l’évidence, sans doute une des choses les plus difficiles à atteindre et que tu écris si justement. <br /> Bref, ton billet lui-même est pour moi un vrai voyage, limpide, facétieux et joyeux comme celui du film. Ses vagues m’y ramènent et font renaître des images qui me manquaient.<br /> <br /> Alors merci pour tout et : bom fim-de-semana ;-)
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