Exquis canaux létaux
On dit souvent qu'il y a quelque chose de surréaliste au royaume de Belgique.Et ce n'est pas Bons baisers de Bruges,le curieux premier film de Martin McDonagh qui va contredire cet adage.Soit deux tueurs plutôt irlandais dans la superbe Venise du Nord,magnifique d'art flamand et de rues-musées.Mais Bruges,comme Florence,peut provoquer un peu d'étourdissement,une sorte d'ennui aussi.Oh,d'ennui très poli entres vieilles Anglaises et Japonais mitraillant,mais d'ennui tout de même.C'est le cas du plus jeune des tueurs car le plus âgé,lui,ne se déplaît pas et sympathise avec l'habitant.Colin Farrell et Brendan Gleeson sont parfaits,apportant l'un son côté nerveux et dépressif à se jeter dans le si beau canal,l'autre massif et placide comme un préretraité du meurtre rémunéré.Leurs pérégrinations leur font croiser entre autres une dealeuse de tendresse et autres substances,un nain cabotin,une logeuse qui ne s'en laisse pas compter.
Mais voilà leur boss,le glacial Ralph Fiennes toujours impeccable,demande à l'un d'éliminer l'autre,avant de traverser lui-même la Mer du Nord comme un terrain vague comme disait quelqu'un qui a pas mal chanté Bruges et Gand et Bruxelles.S'ensuit une course poursuite où le taux de morbidité des personnages principaux sera très élevé sans que leur amitié ne soit vraiment mise en cause.Nous sommes là dans le "professionnel" sérieux et pourtant presque burlesque, nonsensique à l'anglaise parfois.J'oserai dire que In Bruges m'a parfois rappelé les meilleures comédies policières des mythiques studios Ealing.Sous les pavés... les gages (des tueurs).Soyez prudents cependant en montant au beffroi et ne fréquentez guère les nains parfois maléfiques.On le sait depuis Fritz Lang et Les Nibelungen.