Je ne rate jamais un film de Nanni Moretti.Il y en a plusieurs que j'ai vus trois ou quatre fois.C'est un cinéaste dont je me sens proche.Quelques semaines après sa sortie voici ma chronique de Habemus papam,l'un des dix films environ que j'aurais vus cette année,films récents,j'entends,puisque comme vous le savez pour le cinéma je suis plutôt "patrimoine".Nullement un pamphlet anti Vatican, l'homme Moretti est plus intelligent,c'eût été si facile.J'ai lu quelques critiques peu enthousiastes.Moi je trouve à Habemus papam un bel élan d'humanité. J'y ai vu une institution pas si sûre d'elle-même,des hommes en proie au questionnement, guère de caricature,un vieillard paniqué, un psychologue,double morettien depuis quelques années,somme toute plausible.
Moretti oublie rarement d'être drôle et tendre.Et son pape élu en cavale n'est pas si loin de Don Giulio,le jeune prêtre de La messe est finie,l'un des plus beaux opus de Nanni Moretti.Souvenez-vous,à la fin Giulio part en Patagonie,est-ce une fuite ou un salut?Et cette Place Saint Pierre suspendue.J'aime aussi dans Habemus papam cette sorte de constat,que Rome sera toujours une ville un peu autre,un peu différente,avec cette présence d'une entité nulle part aussi mêlée à la vie de la Gente di Roma(film de Scola).Bien sûr on sourit beaucoup au film et la coupe du monde de volley-ball imaginée par Moretti avec ces pourpres cardinalices smashant à qui mieux mieux est bien sympathique.
Le Cardinal Melville,Michel Piccoli surpris,inquiet,affolé,vibrant,terriblement humain,ne se sent pas les épaules pontificales.Pérégrinations dans Rome,trouille bleue,regrets du théâtre,sa vocation première.Même si les encens du Vatican abritent bien des conventions scéniques et que les fourberies comme partout y cotoient les dignités. N'osant chausser les souliers de Saint Pierre, Melville dans ce fameux cri presque expressionniste nous transporte dans l'aventure humaine d'un homme dont la complexité n'empêche pas l'humilité.Et si le personnage du psy,très morettien on l'a dit,semble un tantinet plus attendu,l'amico Nanni,pas forcément grand acteur,y apporte néanmoins toute sa vérité.Et la vérité du cinéma de Moretti est d'une très belle cohérence depuis Je suis un autarcique.J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur la plupart de ses films.
Beaucoup de blogueurs ont écrit sur Habemus papam et notamment l'ami lusitanien ,toujours très pertinent,un homme qui poste moins,mais mieux.Obrigado D&D.http://25images.over-blog.com/article-habemus-papam-de-nanni-moretti-ou-le-vatican-fantome-88472723.html
Je suis d'accord avec toi : le film est bien plus fort que s'il avait joué simplement la carte souvent attendue du pamphlet anti-Vatican. En outre, ça y est : j'ai maintenant très fortement envie de découvrir les premiers Moretti, réalisateur que je ne "connais" que depuis "Journal intime", et soit dit en passant, tu n'y es pas pour rien, de même que ton amour pour l'Italie et pour son cinéma aura calmé mon désir d'italophobie ces dernières années (mais ça va déjà moins mal avec les événements de cette semaine
Bref, entre toi et l'Italie, et moi et le Portugal, il faut au moins qu'on se trouve un copain ou une copine hispanophile à fond !
PS : you're so cool with me, my friend, tu me consoles d'être un escargot.