Rome vile mallette
Au début des années 90 deux films sortent en Italie.Bien que très ancrés dans leur époque tous deux portent un titre évocateur,Le porteur de serviette,Le voleur de savonnettes.La référence n'est pas écrasante, plutôt amicale.Je viens de revoir le premier,réalisé par Daniele Luchetti.La Sacher de Nanni Moretti,cinéaste cinéphile ce qui n'est pas si fréquent,l'a produit.Silvio Orlando joue Luciano modeste prof de lettres,un peu nègre de romancier, embauché comme plume pour les discours d'un jeune ministre aux dents longues,Nanni Moretti.Univers doré,belles femmes,voitures rutilantes,facilités de paiement,comment Luciano va-t-il évoluer,lui plutôt bien-pensant, entendez par là à peu près à gauche tendance Chianti?
Silvio Orlando le Napolitain a tourné plusieurs fois sous la direction de Nanni Moretti.Même génération, Luchetti, Orlando, Moretti ont réussi une très bonne comédie "politique",sans lourdeur démonstrative et aérée par l'humour. Exemple: Luciano le pur finira par apprécier de pouvoir dévoiler les sujets du bac à ses anciens élèves.Ce film date des années pré-Berlusconi et sa portée peut se voir somme toute universelle.Ca c'est ce qu'on lit dans beaucoup de critiques.D'accord mais je préfère y voir un héritage des comédies italiennes de l'âge d'or,sans la truculence plébéienne parfois un peu artificielle,mais tout cela mâtiné d'un zeste de Francesco Rosi qui rigolerait avec la présence d'un Moretti qui réussissait il y a vingt ans à nous faire sourire de son personnage pourri et néanmoins humain.Tour de force qui ne s'est jamais démenti depuis,à mon avis.
Après le joli conte voltairien Domani,domani (88),Le porteur de serviette ,présenté à Cannes en 91,devint un succès populaire relativement important.Daniele Luchetti n'encombra guère pour ça les écrans et depuis vingt ans,tout au moins en France,on n'a guère vu que Mon frère est fils unique et La nostra vita.Quant à Maurizio Nichetti,auteur du Voleur de savonnettes sur lequel j'espère revenir il semble que son dernier film remonte à 2001.Pour l'un comme pour l'autre je suis de ceux qui le regrettent.Quant au film qui inspira au moins leurs titres,Le voleur de bicyclette,il trône au panthéon depuis plus de six décennies.