Croisade à l'italienne
Un chevalier et sa monture,une haridelle plutôt,pas nommée Rossinante mais Aquilante.Mais ce n'est pas Don Quichotte. Un générique cartoonesque (http://youtu.be/M9PrWuT-E-0), une sorcière sauvée de justesse par une petite troupe dépenaillée et piétonnière par manque de moyens.Mais ce n'est pas le Sacré Graal des Monty Python.Ce même chevalier devise avec la Mort.Non,ce n'est pas Le septième sceau.Un navire traverse une colline à dos d'hommes mais ce n'est pas Fitzcarraldo.Mario Monicelli et ses géniaux scénaristes,le fabuleux duo Age-Scarpelli,à qui le cinéma italien doit tant,ont imaginé une suite à la déjà inénarrable Armée Brancaleone (1966).Vittorio Gassman,tout en rodomontades,est l'interprète idéal de ce matamore finalement plus naïf que roublard, qui mène sa maigre bande avec nain,boîteux juché sur les épaules d'un aveugle,puis nouveau-né sauvé in extremis,chèvres et enchanteresse.Arrive même un lépreux très dansant au son de sa clochette,assez sexy ce lépreux.
Tout ce petit monde,bien que peu ferré en géographie,part donc pour la Terre Sainte.Rencontres et péripéties attendent ces branques du Saint Sépulcre.Dans Brancaleone s'en va-t'aux croisades la langue italienne est truffée de patois et de latin douteux, ce qui lui donne un maximum de verve.La verve,justement,est un ingrédient qui a rarement manqué à ces maîtres de la comédie italienne que j'aime tant.Monicelli,toujours satirique,dégomme gentiment la religion et le pouvoir,pape et antipape se querellent comme des supporters de foot,un arbre aux pendus s'avère riche en drôlerie,le jugement de Dieu fait glousser Brancaleone, un tournoi final, un peu longuet, alanguit à mon avis ce road-movie médiéval que Mario Monicelli aurait dû écourter de vingt minutes pour lui assurer tout son punch. Quoiqu'il en soit cette Cour des Miracles itinérante est une preuve de plus de la grande variété de ce cher cinéma italien.Elle est aussi une invite à se balader dans le challenge botté initié par Nathalie.