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16 octobre 2012

Alors la mer se calma

              Jean Epstein fut un cinéaste très novateur d'une approche qui annonçait le Néoréalisme.Le tempestaire, court métrage de 23 minutes est son dernier film,en 1947.Les plus connues de ses oeuvres sont plus anciennes et muettes,La chute de la maison Usher et Finis terrae datent toutes deux de 1928. Voir Onirique qui mal y pense.Une référence:l'un des salles de la Cinémathèque de Bercy a été nommée salle Jean Epstein.Il m'a semblé que ce film avait sa place dans le challenge plein d'entrain et plein d'embruns de Claudia.

armand seguin challenge breton

                  Près de vingt ans après Finis terrae Epstein, qui n'a guère été reconnu, revient à la Bretagne qui le passionne.Sur la côte bretonne, dans une chaumière, une jeune fille,au rouet avec sa grand-mère, est dans l'angoisse en entendant le vent. Son fiancé n'est-il pas au large, pour la pêche à la sardine? N'y tenant plus elle obtient de la vieille dame un conseil.Le tempestaire est une sorte de sorcier qui domine les éléments.Pourquoi pas? C'est une Bretagne rude de noir et de blanc,les grand-mères sont en deuil et les jeunes filles bien crédules.Belle-Ile en Mer n'est pas encore une annexe du RER avec son NGV. L'homme, Le père Floch, refuse car il ne veut pas d'histoire. Il finit toutefois par sortir une boule de cristal et calme la tempête. La bourrasque décline, le fiancé rentre au port.

tem021

          Peu de personnages dans Le tempestaire.Et,on s'en doute,du côté des taiseux.Pas loquace,le fiancé,pas démonstratif.Le tempestaire en personne est plus proche du mur de pierres bretonnes que du sauveur.Et les gardiens de phare, quoique plus modernes dans leur tour de guet,n'ont guère de solution.Bien sûr tout finira bien,enfin pour cette fois.Mon antique cinéphilie maladive lorgne,et ça va de soi,vers le Visconti de La terra trema et le Flaherty de L'homme d'Aran.Flaherty Visconti,même combat.

       Quelques vieux marins scrutent l'horizon.D'autres tirent ou ravaudent leurs filets.Et la mer,toujours recommencée.Les rochers de Belle-Ile et les gerbes d'écume font un casting étincelant.Et encore une fois...un film de silence.Pas de verbiage,pas de leçon,la vie là-bas,à l'Ouest.

 

                                        

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Commentaires
N
Je ne saurais te dire pourquoi, mais un film muet avec des acteurs « pas jaseux », allié à une histoire de mer et d’embruns, je trouve qu’il n’y a pas mélange plus homogène. Peut-être parce que j’associe à la mer que j’aime tant cette part de silence et de calme, de recueillement et de méditation, tempête ou non. Un grand film, j’en suis certaine…
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W
Toute sa place dans le challenge breton. Un bel article.
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C
Pas vu le film et c'est bien dommage mais quel style Eeguab, comme tu en parles bien! C'est vrai qu'il ma rappelé l'homme d'Aran, c'est un peu la même civilisation. A travers la littérature (et les films) on s'aperçoit combien l'ancien breton est un taiseux, rude, sombre, marqué par l'omniprésence de la mort.
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A
Quel bel article ! Mettre les rochers de Belle-Île et les gerbes d'écume dans le casting, riche idée. Je me souviens avoir lu quelque part que J. Epstein saluait les arbres sur les routes. Il aurait surement apprécié que tu mentionnes si judicieusement l'environnement qu'il avait choisi.
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