Bis repetita gaelica mea culpa
D'Irlande en livres je suis très rarement revenu déçu. Ce n'est pas encore pour cette fois. Dermot Bolger, l'un des plus connus auteurs de l'île, revient avec Une seconde vie sur les noirceurs de cette île,qu'on connait maintenant,notamment depuis le film The Magdalene Sisters. Sean Blake, photographe, cliniquement mort,survivra à son accident de voiture.Mais il n'est plus le même et se met en quête de retrouver sa mère biologique,l'une des si nombreuses filles mères au destin misérable d'humiliation.Pourtant on ne retourne pas cette gangue de silences et de boue sans risque.Mais Une seconde vie est aussi une curiosité littéraire.Il s'agit d'une deuxième version d'un livre publié en 94 sous le titre Le ventre de l'ange.Mais voilà,ce pays a quand même évolué et Dermot Bolger a complètement réécrit son récit en 2010.C'est somme toute une bonne nouvelle pour les irlandophiles dont je suis.
Il s'appelait Francis,sa mère,Lizzy,l'avait appelé ainsi avant de le laisser aux soeurs de si sinistre mémoire.Le roman explore aussi bien la quête de Sean,maintenant père de famille,sur les traces de celle qui l'a abandonné en une époque où il était presque impossible de faire autrement pour une jeune fille "fautive",que les derniers mois de sa mère biologique,qui a vécu l'exil en Angleterre,trois autres enfants,des filles,mais qui n'a jamais totalement assumé ce passé si lourd.Dieu (mais où était-il?),comme la vie était dure! A propos, l'Irlande de maintenant c'est pas encore tout à fait ça.Bref, j'ai lu des critiques assez mauvaises sur Une seconde vie,accusé d'une certaine mièvrerie clichetonneuse.Ce n'est absolument pas mon avis.
Dermot Bolger n'oublie pas le thème résurgent de l'adoption et trace le portrait de parents de substitution de bonne volonté, de braves gens qui, comme beaucoup, ont fait de leur mieux. La dualité de Sean/Francis se ressent douloureusement mais le chemin finira par s'éclaircir.On peut reprocher une sorte de" catalogue irlandais", football, pubs, oncle prêtre douteux, forcément douteux. D'accord. Il n'en reste pas moins qu' Une seconde vie est un roman qui colle à cette Irlande où la musique, la bière et la foi ont parfois couvert le pire.Pas toujours.Et un peu moins maintenant.