Récit d'un fluide,fluide d'un récit

                                       Ce livre assez peu connu revient sur Franz Anton Mesmer, thérapeute contesté de la cour de Vienne,contemporain de Haydn et Marie-Antoinette. A l'origine de mon choix à la Bib. Municipale, le goût de l'Irlande  et le hasard auquel je laisse assez souvent la bride sur le cou,c'est l'un des meilleurs moyens de sortir un peu de ses écrivains fétiches.Brian O'Doherty est surtout connu comme critique d'art mais il a réussi avec L'étrange cas de mademoiselle P. un récit joliment maîtrisé sur l'histoire vraie de la "guérison" de Maria Theresa von Paradies, jeune aristocrate et pianiste aveugle, par Mesmer,alors célèbre par ses expériences sur le magnétisme et les fluides (le fameux baquet de Mesmer). C'est cependant un roman à plusieurs voix, narré subjectivement par Mesmer lui-même, la jeune artiste qui a subi le traitement,et son père,officier à la cour de l'empereur Joseph II,de facto dirigée par la reine mère,homonyme de Marie-Thérèse.

                                    Intéressante plongée dans une époque des Lumières,qui toutefois vacillent encore pas mal. Si dans un premier temps Mesmer reçoit le soutien et même l'enthousiasme du père de Marie-Thérèse,assez vite l'ambiance devient intenable et Paradies, jaloux de l'influence du praticien et obsédé par l'absence de sa fille, lui rendra la vie impossible. Les professionnels de l'académie ne seront pas plus larges. A Vienne, comme ailleurs on n'accueille pas toujours ravis les précurseurs ni les partisans des chemins de traverse.O'Doherty ose à ce propos,mais subrepticement, une métaphore musicale à propos du divin Wolfgang qui très vite se heurta lui aussi à un certain conservatisme.Mozart composa par ailleurs son Concerto pour piano n° 18 pour l'héroïne de cette histoire.

                                La quatrième de couv. cite Stefan Zweig disant de Mesmer dans La guérison de l'esprit qu'il était un novateur incommode. On ne peut pas ne pas penser à d'autres, plus tardifs, Freud par exemple. Je vous laisse avec un peu de musique. Attention,le silence qui suit Mozart c'est encore du Mozart (oscar du cliché usé à la corde dont j'ai grande vergogne).

http://youtu.be/zO-s0XPn7GA    Concerto pour piano n° 18  3° mvt.  Leif Ove Andsnes  joue et dirige le Norwegian Chamber Orchestra

Comments

[Soene]

Ecouter de la musique en fermant les yeux permet de mieux en profiter.

La cécité apporte une sensibilité plus forte.

Ces artistes aveugles forcent l'admiration.

Quel billet, encore, Edualc, sérieux, précis, professionnel, une lecture que je ne ferai pas, tu t'en doutes.

J'ai eu mon époque André Bocelli :wink: Je l'écoutais en boucle.

Je n'aime pas trop Mozart. Je n'ai pas assez de temps pour l'apprécier.

Quant à la biblio, il me tarde d'aller y traîner des heures, de fouiner dans les rayons, d'y prendre mes marques, d'oser lire des livres improbables :lol:

Bonne semaine et gros bisous d'O.

[claudialucia]

J'ai lu cette histoire , exactement le même sujet. Titre du livre : Au commencement la nuit était la musique de Alissa Walser. interessant aussi et je suppose très différent.



http://claudialucia-malibrairie.blogspot.fr/2013/01/alissa-walser-au-commencement-la-nuit.html

[denis]

très intéressant et étonnant en effet ce Mesmer

[keisha]

Ton argument mozartien est lâche! Comment résister? ^_^

Figure toi que j'ai un Don Giovanni prévu demain, je sors ma robe de soirée (euh non, vu la météo ça sera sûrement moins classe mais plus adapté, et puis maintenant, l'opéra se fréquente sans chichis, et c'est tant mieux. Allez, mille et tre!)

[Asphodèle]

Ton billet aussi est fluide et continuer la matinée avec Mozart est agréable ! Je ne connais pas cet auteur . C'est bien d'avoir une bibliothèque pour pouvoir y dénicher des livres qu'on ne trouverait pas ailleurs ! ;)