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29 décembre 2013

Remous

les-eaux-tumultueuses,M108383

                                         Aharon Appelfeld réunit ses personnages à la fin des années trente dans une pension de famille pour une cure thermale dans une ville d'eau désertée. Nous sommes bien sûr quelque part au milieu de l'Europe. Cette année ils sont très peu nombreux et se posent des questions, quelque chose n'est plus comme avant. Guère plus de deux femmes, deux hommes, et les propriétaires de l'établissement ainsi que le personnel. S'ils font ici une cure annuelle c'est une cure de jeu et de marivaudage à laquelle ils s'adonnent. Mais ça, cétait avant.  Sur les bords de la rivière Pruth, affluent du Danube, on pourrait être du côté de l'ancienne Bucovine, région natale d'Aharon Appelfeld, maintenant israélien. Appelfeld s'y connait en Nimportequoilande et déracinement puisque né à Czernovitz, ahurissant exemple de l'explosion Mitteleuropa, ville nantie de huit orthographes et qui fut en vrac et en désordre roumaine, moldave,  autrichienne,  ukrainienne,  soviétique, allemande. Eaux tumultueuses mais histoire tout aussi échevelée ,je l'ai déjà évoquée à propos de Gregor von Rezzori, autre auteur majeur et méconnu de cette mouvance danubienne  et consorts dont la plupart connurent l'exil. Pour cela ils ne manquaient pas de raisons.

                                        Le fleuve, justement, déborde et la boue envahit la cour de l'auberge et transforme en panique la sourde inquiétude des protagonistes. Rita et son fils ne se parlent plus, Van est toujours éconduit par Zoussi et l'on n'a plus guère le coeur à danser,ou alors sur un volcan, comme l'Europe entière. Métaphore évidente de l'agonie d'un continent (et plus si affinités) Eaux tumultueuses, publié en 1988, témoigne aussi de l'acuité d'Appelfeld quand il situe cette fable tragi-comique sur un bord instable d'une rivière de cette région si sensible aux soubresauts. L'un des curistes finira emporté par le flot indompté et il y a de fortes chances que ce soit qu'un prélude à l'horreur générale. Réflexion aussi sur la place des Juifs et sur leur parfois troublant antisémitisme. Aharon Appelfeld est l'un des maîtres de la belle littérature israelienne et voir ses personnages attendre à la gare ceux qui ne viendront plus prendre les eaux sonne comme un glas des libertés, un air de glaciation.

                                             

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Commentaires
C
Je ne crois pas que je continuerai par celui-là. Ce que je voudrais lire d'abord c'est "histoire d'une vie" sur son enfance au ghetto et sa fuite dans la campagne ukrainienne. "Les partisans" que je viens de lire m'a donné l'envie d'en savoir plus.
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D
Bonjour eeguab, j'avoue que je suis restée au bord de l'eau. Je n'ai pas été au delà de la page 60. Je n'y arrive pas et je le regrette. Cela m'a ennuyée au possible. Bonne après-midi.
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V
Coucou Eeguab :-)<br /> <br /> Encore un auteur que je ne connais pas ...mais tu sais intéresser et susciter la curiosité ...je note pour ma prochaine visite à la bibliothèque :-)<br /> <br /> Bises
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L
Voilà bien une littérature dont je ne me suis guère aventuré. Pour ainsi dire jamais. Peut-être faudrait-il que je trempe les doigts de pieds dans ces eaux tumultueuses. A petite dose, pour ne pas noyer le pastis...
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M
Des eaux tumultueuses et tentantes.
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D
c'est en effet un auteur majeur et je ne connaissais pas ce livre de lui
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