23 janvier 2014

La poésie du jeudi, Charles Cros

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Dans la clairière

 

Pour plus d'agilité, pour le loyal duel,

Les témoins ont jugé, qu'elles se battraient nues.

Les causes du combat resteront inconnues.

Les deux ont dit : Motif tout individuel.

 

La blonde a le corps blanc, plantureux, sensuel ;

Le sang rougit ses seins et ses lèvres charnues.

La brune a le corps d'ambre et des formes ténues ;

Les cheveux noirs-bleus font ombre au regard cruel.

 

Cette haie où l'on a jeté chemise et robe,

Ce corps qui tour à tour s'avance ou se dérobe,

Ces seins dont la fureur fait se dresser les bouts,

 

Ces battements de fer, ces sifflantes caresses,

Tout paraît amuser ce jeune homme à l'oeil doux

Qui fume en regardant se tuer ses maîtresses.

 

Charles Cros (1842-1888)

 

Charles_Cros_1977

 

                               Ce que j'aime particulièrement dans cette belle rubrique bimensuelle initiée par Asphodèle c'est que bien souvent le hasard, en ce qui me concerne, préside à de jolies découvertes. J'ai rarement une idée précise mais quelques noms de poètes qui clignotent. Alors je musarde, la toile peut s'avérer si riche en surprises. Charles Cros, chanté par Trenet,un compatriote du Languedoc, et honoré d'un prix du disque qui porte son nom, nous prouve avec éclat qu'on peut être de formation scientifique, chimiste, l'un des pères du phonographe, et poète, voire chansonnier. Et puis je vous fais une confidence:qu'est ce que j'aurais aimé être le jeune homme de ce poème.Fantasme inavouable, tant pis, tout comme lui je vous fais les yeux doux. 

Posté par EEGUAB à 06:50 - - Commentaires [13] - Permalien [#]
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