schlink

                                          Ce roman de Bernhard Schlink (Le liseur), publié en 2008, revient sous forme de soirée entre amis, et l'on sait ce que cela peut parfois donner, sur les années de terrorisme et la Fraction Armée Rouge. Jörg a passé plus de vingt ans en prison, il a tué, et la grâce présidentielle le libère. Sa soeur Christiane lui a ménagé un week-end à la campagne avec des amis, tous plus ou moins anciens de la même mouvance. Elle a sûrement cru bien faire, Christiane, mais la quinzaine d'invités n'ont pas tous le même enthousiasme à l'idée de trois jours de huis clos avec leur passé. On sait que cette époque de plomb a beaucoup intéressé les écrivains allemands, particulièrement versés dans les problèmes de culpabilité qu'elle soit individuelle ou collective. Je craignais une excessive "romantisation" de l'art du terrorisme, une de mes hantises littéraires, que j'ai parfois rencontrée. Ce n'est pas le cas bien que Schlink se garde de trop de tranchant. Alors les questions seront posées certes, mais le bal des retrouvailles n'ira pas jusqu'au bout et vérité restera en deça.

                                        Je ne suis guère à l'aise avec ce sujet, la vie d'un homme m'étant précieuse et j'ai passé ce week-end avec méfiance et circonspection, les circonvolutions littéraires m'apparaissant parfois sympathies meurtrières. Cependant Schlink sait installer une ambiance, fût-elle quelque peu délétère. Et rester à la surface des choses n'était pas forcément une mauvaise idée. Après réflexion et quelques jalousies au réveil teigneux, après quelques vieilles lâchetés à peu près assumées, d'autant plus que rôde la maladie, chacun rentre chez soi.Mieux ainsi? Le retour du même auteur m'avait autrement transporté. L'odyssée du Retour Mais ceci ne reflète qu'une opinion, la mienne.