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5 juillet 2014

Les plumes ...by Asphodèle: Par dérogation

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                                          Par dérogation  suite à la très polémique Lettre à Paul de Quentinois de Leonora Saint André de Monchamps en date du 21 juin 1928, c'est en tant qu'ami très proche de ce gentilhomme que j'en viens aujourd'hui à publier sa réponse avec la permission exceptionnelle d'Asphodèle. Cette mission et cette missive s'affranchissent de  ce fait de toute contingence de vocabulaire et de toute obligation bimensuelle. A ceux qui s'en offusqueraient je dirai que l'honneur de Paul de Quentinois ne transige pas.

 

Les Hauts de Vermandois, le 03 juillet 1928

Ma belle amie

      La moiteur picarde n'est pas telle qu'elle m'en ait fait perdre le souvenir d'une passion dont le double sens ne doit pas vous échapper. Se peut-il, mon amie l'irrégulière, que vous sentiez à ce point l'aiguillon d'une douleur dont j'incline à penser qu'elle vous est surtout imputable? Et les jours et les nuits en votre compagnie, croyez-vous que leur ardeur m'ait si brutalement déserté et le coeur et l'esprit? Les personnes de votre sexe, tout dans ma vie déjà longue, et que votre ironie m'a cruellement rappelée, me conduit à l'affirmer, n'ont pas le monopole du chagrin comme elles ont fâcheusement tendance à le dire, voire à le claironner. Si ma dernière lettre vous est apparue comme un glaive sachez qu'elle fut l'aboutissement de ces heures de prostration qui furent miennes après que tant de fiel fut répandu par vos proches, je n'ose dire vos amis, vous accordant le bénéfice d'avoir vous aussi été abusée. Cependant, Madame, je ne suis pas de ceux qui vont à Canossa et vous pensais moins envieuse.

       On m'aurait vu à la Coupole? Mademoiselle Chanel, les ballets russes et Montparnasse m'auraient-ils dépravé? Outre que je vous trouve bien injuste avec ces créateurs qui ont au moins le mérite d'imaginer... Depuis combien de temps, mon amie, ne l'avez-vous plus vraiment fait, imaginer, rêver, élever vos sentiments au-delà de ces zones imprécises où il m'avait semblé qu'amants trop installés nous risquions de devenir, que nos nuits clandestines et les prés fleuris abritant, bien mal, nos étreintes, n'étaient pas à mon sens , tout à fait exempts de toute pusillanimité. Songez-y, vous que j'appelais ma belle âme. Songez-y avant d'instruire ainsi mon procès en dédain et en cruauté.

       Vous prétendez, Madame, blessée que vous êtes mais que la douleur rend insensée, vous prétendez ne pas user du stratagème fourvoyé de la jalousie, cette pustule qui fait que vous vous ressemblez toutes, soubrette, châtelaine, car toutes vous savez la manier. Mais votre courrier n'est que cela, ruse, astuce, et jusqu'au plus hideux de tous les moyens que depuis Eve, les femmes revendiquent, nec plus ultra, fin du fin, de la bassesse des amours qui s'hivernisent. Il me faudrait cesser de voir les la Bretière, et leur fille, ces gens si aimables et riches, qui m'estiment tant.Ignoreriez-vous, mon amie, mes revers de fortune outre-Atlantique?

      Sur un point vous dites juste. Votre raison, en effet, vacille plus qu'elle ne s'égare lorsqu'elle passe de nos épidermes mutins, un souvenir qui restera, Madame, brûlant quoi qu'il en soit, à cet ultime rival que vous osez évoquer presque langoureusement, là-bas au fond du verger, abyssale attraction selon vous, médiocre convulsion féminine en diable selon moi. Je ne m'y attarderai pas plus, voulant croire à votre maladresse plus qu'à votre manipulation.

 

1928-cochet-tilden-france-eu

 

     A propos, et puisqu'on vous édifie, vous-dira-t-on mon élégance dans les travées des Internationaux de France de tennis, pour soutenir nos mousquetaires? J'aime à le croire, bien que Mademoiselle Chanel n'y ait à ma connaissance pas fait d'apparition cette saison. Je ne sais, ma mie, si les prochains mois nous verront ensemble, à défaut d'être réunis. Sachez que si ma vanité veut l'écarter, mon coeur, malgré tout, s'échauffe encore à cette idée.

Votre ami pour la vie, Paul de Quentinois.

   

   

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Commentaires
C
Waouh ! Quelle verve ! Je suis certaine qu'il n'en faudra pas tant à l'infortunée pour répondre à pareil courrier. ;-) Je suppose que vous étiez sensible à éclaircir ces points douloureux. :D Superbe réponse, haute en couleurs, j'adore. :D
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M
Sacré retour que voilà... Comment envisager des retrouvailles ?
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C
Délicieux comme un verre de ciguë au miel!<br /> <br /> J'en redemande!
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P
Oh oh, "Vous dira-t-on mon élégance ... pour soutenir nos mousquetaires" <br /> <br /> Y aurait-il duel en vue? <br /> <br /> Quelle lettre pour un anniversaire de plumes! y en a une qui va être contente!
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V
Quelle plume ce Paul !!<br /> <br /> Ton texte est absolument parfait : quelle verve :-) <br /> <br /> Comme Pierrot j'ai beaucoup aimé les épidermes mutins :-)<br /> <br /> Bises <br /> <br /> Bon début de grandes vacances :-)
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E
Je vois que la tension est des deux côtés....les retrouvailles (tiens tiens...les retrouvailles??) ne sont pas prêt d'arriver me paraît-il !!!<br /> <br /> Style magnifique pour emberlificoter telle vaseuse réponse......!Bravo!!!
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C
Bouffre ! Fichtre !<br /> <br /> Il ne le lui envoie pas dire, le petit Paul !<br /> <br /> tout cela va finir à l'aube, dans un pré, le fleuret à la main, et quelqu'un ne verra pas la fin de la journée...(pourvu qu'on en me demande pas d'être témoin, je déteste me lever aux aurores...et puis je fais du rhume des foins)
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M
Monsieur,<br /> <br /> Ma chère amie Léonora m'a donné à lire, en confidence, quelques lignes de votre missive. Menteries ! Tartuffe! Je vous ai vu, maintes fois, en galante compagnie, et prompt à débiter vos fadaises libertines. Prenez garde, Monsieur !
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A
Ha ha ho ho !!! Léonora défaille devant une telle réponse, son amour-propre est mis à mal ! C'est superbe, je l'ai relue avec grand plaisir (même si le lien que j'ai mis hier n'était pas bon, haaan, quelle honte)... Et personne pour me le dire bien sûr, d'habitude Soène veille au grain...<br /> <br /> On va bien s'amuser cet été ! Je t'imagine frétiller dans les travées de Rolland-Garros, haaaa ! Bravo en tous cas ce n'était pas évident comme exercice !!! Bises et à ttds !
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P
On ne parle jamais assez des épidermes mutins ! Quel style pour exprimer son dépit ! Sacré Paul ..............
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S
:oops: j'suis tellement retournée que j'en oublie des mots : il me tarde de voir bien sûr !
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S
Nom de mille grattons, Paul euh Modrone euh Edualc, je n'ose applaudir de mes deux mains de peur que la belle Léonora ne s'en prenne à moi :lol:<br /> <br /> Il ny' a pas que les roses qui ont des épines, les mots aussi, j'en suis de plus en plus convaincue :evil:<br /> <br /> Ce n'est qu'un jeu évidemment, c'est pour rire, hein :wink:<br /> <br /> La guerre en littérature comme aime à le dire BHL, ce n'est pas qu'un vilain tour de notre imagination...<br /> <br /> Bravo pour vos échanges épistolaires qui plombent un peu l'esprit des Plumes et qui promettent encore quelques duels euh duos de vos belles plumes :lol:<br /> <br /> Il me tarde comment vous allez faire la paix :lol:<br /> <br /> Bon we et gros bisous<br /> <br /> Et n'oublie pas, lundi, pas besoin que ton réveil sonne :wink:
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