16 septembre 2014

Douze ans d'âge

                                          Plus disponible je suis un peu de retour dans les salles obscures et vous proposerai dorénavant mon avis sur quelques films nouveaux,ce qui ne m'est pas arrivé depuis longtemps. Les 2h45 de Boyhood ne sont pas de trop, chose rare dans un cinéma où la moindre comédie, qui a cessé d'être drôle au bout de trois minutes, s'étire lamentablement durant 1h55.

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                                        Le tournage dura...douze ans. Richard Linklater, franc tireur américain, a suivi une famille de fiction, tournant quelques semaines par an, avec les mêmes acteurs, ayant grandi et vieilli comme les personnages. C'est absolument passionnant. Ce metteur en scène avait commis un précédent, l'excellente trilogie Before sunrise, Before sunset, Before midnight, qui nous présente un couple tous les neuf ans, avec Ethan Hawke et Julie Delpy, savoureuse chronique dont je n'ai vu que les deux premiers volets. Boyhood c'est Ethan Hawke à nouveau, divorcé de Patricia Arquette, une fille, Samantha, et un garçon un peu plus jeune, Mason, que l'on suivra de huit à vingt ans. C'est un film américain sur un foyer américain, la vie y est américaine, en fait pas si différente de chez nous, mais de ce côté ci de l'Atlantique on regarde souvent une vie américaine d'un peu haut.

 

                                        Ce film très personnel développe chez le spectateur un attachement rare. Crédible, le mot est lâché, car souvent les films avec des acteurs différents, enfants, ados, jeunes adultes, sonnent un peu "maquillage". Dans la démarche de Richard Linklater, et pour peu qu'on soit ouvert à cet aspect presque documentaire, on est entraîné dans les aléas de la vie des quatre personnages, mère courage, père dépassé, absent mais pas mauvais bougre longtemps immature, des gens ordinaires, des gens dont la vie est un long scénario avec temps morts et colères, espoirs et désenchantements. Jamais de grandes scènes clefs, "à faire", jamais de moments saisissants ou impérissables. Non, mais quelque chose de fascinant, bien au delà du volet expérimental du film, quelque chose de la vie, la vie au cinéma, et c'est digne du plus grand intérêt, pour peu que chacun, metteur en scène, acteurs, tous formidables, notamment les deux enfants, et spectateurs s'embarquent pour le voyage et jouent le jeu.

                                        La chanson Hero du groupe indie folk rock Family of the year est par ailleurs bien jolie et ne doit pas vous faire craindre une quelconque mièvrerie.

 

 

Posté par EEGUAB à 08:37 - - Commentaires [6] - Permalien [#]
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