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30 octobre 2014

La poésie du jeudi, Seamus Heaney

South from Inishbofin

Apparitions

 

Inishbofin un dimanche matin.

Soleil, fumée de tourbe, mouettes, diesel, cales des navires.

On nous aidait à descendre l’un après l’autre

Sur une embarcation que chaque passager faisait tanguer

Dans un vacillement sinistre, avant de nous serrer

Sur les bancs de traverse, par petits groupes craintifs,

Obéissants et mal à l’aise ; nul ne parlait que l’équipage

À chaque immersion des plats-bords

Qui semblaient près de prendre l’eau.

Malgré le calme de la mer,

Les secousses du moteur obligeaient le pilote

À maintenir son équilibre en manoeuvrant la barre :

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La réticence et le poids de l’embarcation m’emplissaient D’épouvante.

Cela même qui garantissait notre salut

- soubresauts, légèreté, mouvement -

Faisait ma terreur. À chaque instant

De cette traversée, à la surface régulière

D’une eau profonde et calme, dont on voyait le fond,

C’était comme si j’observais la scène de très haut,

Sur un autre bateau voguant parmi les airs, effaré

Par les périls de cette plongée dans le matin,

Et j’avais pour nos têtes nues,

Courbées, comptées, un inutile amour.

trad. Patrick Hersant

heaney

                                         Seamus Heaney, (1939-2013), Nobel 95, est né en Ulster. Inishbofin est une petite île au large de Galway dans l'Ouest irlandais. J'ai eu l'occasion de m'y promener un peu il y a bien longtemps. Comme une peur d'enfance, sinistre, effaré, épouvante, craintifs, périls sont les mots du poète. Rien de rassurant...Mais comme je trouve ça magnifique j'ai voulu vous le proposer. Merci à Asphodèle sans qui les choses ne seraient que ce qu'elles sont.

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Commentaires
M
Je ne connaissais pas du tout. Merci.
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N
Tu as raison Claude, rien de rassurant, mais combien magnifiques sont ces mots d’équipage qui créent une ambiance telle qu’on se sent tanguer sur les bancs de traverse, par les secousses de cette mer que j’aime tant. J’y serais de nouveau, de la traversée, même dans les cales du navire avec les rats! Rien que pour voguer sur la mer agitée. Le repos sera permis une fois le navire amarré ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> De gentils mots pour Isa que j’aime beaucoup. Une femme pleine d’amour, pleine de gentillesse et de délicatesse… si elle lit ces mots, elle saura à quel point je pense à elle...
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V
J'ai tangué sur ce bateau avec l'auteur :-) <br /> <br /> Merci pour la découverte Edualc :-)
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M
C'est beau. Je ne connais pas du tout cet auteur.
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D
un magnifique poète dont j'ai fait connaissance il y a quelques années et dont je ne me suis jamais lassée
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A
Merci Claude pour ce petit mot touchant et merci Célestine du tien qui l'est tout autant !!! :oops:<br /> <br /> Et tu ne pouvais pas me faire plus plaisir en choisissant ce poème de mer qui chahute, de tourbe qui chavire les sens, en ces coins d'Irlande souvent rudes... C'est beau ! On sent que tu t'immerges déjà ! Bises et à ttds♥
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C
Touchée au cœur par le parfum de tourbe de Galway et les accents forts de ce texte. <br /> <br /> Quant à ce que tu dis d'Asphodele, cela me rappelle les paroles de cette chanson ...Parfois on regarde les choses<br /> <br /> Telles qu'elles sont <br /> <br /> En se demandant pourquoi<br /> <br /> Parfois on les regarde<br /> <br /> Telles qu'elles pourraient être <br /> <br /> En se disant pourquoi pas...
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