Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
13 novembre 2014

La poésie du jeudi, Patrick Kavanagh

 chromo-oiseau-couronnc3a9-ana-rosa1

Adresse à un vieux portail de bois

Abîmé par le temps et les intempéries, à peine bon

A faire du bois de chauffe ; il ne reste plus une écaille

De peinture pour masquer ces rides, et ces grincements

Font un cri rauque qui déchire le silence – gonds rouillés :

Du barbelé agrippé à un bras pourri

Remplace le vieux verrou, avec un charme mesquin.

Le peuplier sur lequel tu t’appuies est mort,

Et tout le charme de sa jeunesse est oublié.

Ce fossé devra bientôt trouver un autre gardien,

Sinon les vaches iront errer dans les champs.

Elles riront de toi, vieux portail de bois, tes membres,

Elles les disloqueront, les pousseront dans la bouillasse.

Alors je ne pourrai plus m’appuyer sur ton sommet

Et penser, rêver de galets sur la grève,

Ou regarder les colonnes féériques de la fumée de tourbe

Monter des cheminées chaulées en spirales célestes.

Ici j’ai toujours honoré le tendre rendez-vous, et de tout cœur

Quand nous étions tous deux amants, et que tu étais neuf.

Et de nombreuses vois j’ai vu l’œil rieur

De l’écolier à cheval sur ton dos robuste.

Leafy-with-love2 

Mais la longue main argentée du Temps a touché notre front,

Je suis celui dont se moquent les femmes – toi, les vaches.

Comment pourrais-je aimer les portails de fer qui gardent

Les champs des riches fermiers. Ce sont de durs

De froids objets, un battement autour des piliers de béton,

Le bout du doigt pointé comme les vieilles lances

Mais toi et moi sommes de la même race, Portail en ruines,

Car tous les deux nous avons souffert le même destin.

Patrick Kavanagh

                                                        J'aime beaucoup ce texte. N'avons-nous pas tous comme ça un mur, un coin de rue, un vieil arbre, un pont, là, dans notre mémoire et notre coeur? A Dublin Patrick Kavanagh (1904-1967) a comme tout le monde sa statue, près du canal. Né dans le nord de l'Irlande, mais pas en Irlande du Nord, il est très honoré notamment à Trinity College où il étudia bien qu'ayant quitté l'école à treize ans.Les Dubliners ont mis en musique Raglan Road, l'un de ses textes les plus connus.

 

Publicité
Commentaires
M
Très beau. Ca me rappelle un coin comme ça de mon enfance.
Répondre
M
Magnifique !
Répondre
V
Très belle ode au temps qui passe , j'aime beaucoup cette "personnalisation" du portail . Ce n'est pas le bon mot mais je pense que tu vous ce que je veux dire : le poète projette toute sa vie sur ce morceau de bois et le rend vivant :-) <br /> <br /> Bisessssss Edualc :-)
Répondre
N
« N'avons-nous pas tous comme ça un mur, un coin de rue, un vieil arbre, un pont, là, dans notre mémoire et notre coeur? » <br /> <br /> <br /> <br /> Oh oui, une belle cabane au sommet d’un arbre, avec des souvenirs d’enfance plein les murs... Quel beau poème Claude. Bonne journée
Répondre
N
Quel magnifique poème! Je m'empresse de noter le nom de ce poète, merci.
Répondre
D
ouf dur ce matin d'accéder à canalblog !<br /> <br /> c'est un poète que j'aime et cela grâce à toi, j'ai trouvé un recueil en bibliothèque et j'aime la plupart des poèmes
Répondre
A
J'aime quand tu me fais découvrir un poète ! Et a fortiori un poète irlandais ! J'aime beaucoup ce poème moi aussi, que sont devenus nos portails d'antan (et nos vieux murs de pierre éboulés sur les chemins) ? Pour celui mis en musique, je ne manie pas assez bien la langue de Shakespeare pour tout comprendre mais il y flotte cette âme irlandaise si forte en odeurs de landes et de tourbes !!! :D Bises et à ttds.
Répondre
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
33 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 498
Publicité