Il est Charlie, aborigène mal dans sa peau, pas bien dans la banlieue de Darwin, capitale du Territoire du Nord australien, sa communauté se délabre et il ne reconnait même plus son bush. Le scénario est de Charlie lui-même, enfin, son interprète David Gulpilil, qui sait ce dont il parle. Tracasseries policières, alcoolisme et rares discussions avec ses congénères plus très jeunes non plus. Il est "mal-bouffant", Charlie, et son estomac fait grise mine. Il n'y a plus grand chose qui tourne rond en son outback océanien.
Il est Charlie mais conserve une conscience quoiqu'un peu floue. Il en a marre,Charlie, qu'on lui pique sa lance et ses racines. Il est fatigué, Charlie, il a trop fumé, Charlie, c'est l'hosto qui le guette. Il est Charlie, membre d'une communauté qui, si elle évolue disparait, et qui, si elle n'évolue pas , disparait.
Il est Charlie, mais il faut qu'il sache, Charlie, que ce n'est pas uniquement la faute des autres, et que la notion même de tribu, il a parfois contribué à la galvauder. Gnole et ganja, pas le meilleur pour la clairvoyance. Oui,Ce blog essaie de lutter à sa très modeste mesure contre les simplismes (ça s'appelle un aparté). L'acteur David Gulpilil est une icône,un leader en son pays, ancien danseur, ancien pisteur, déjà dans La dernière vague de Peter Weir en 1977 et dans Crocodile Dundee, deux pôles pour le moins différents du cinéma australien.
Il est Charlie, avec étonnament au moins un très beau souvenir. Avoir dansé là-bas tout au Sud devant l'Union Jack et le chef de l'état australien pour l'inauguration de Sydney. Vous connaissez tous le chef de l'état australien. Curieusement il a aimé faire ça. Comme quoi rien n'est si simple et la fierté multiple. Il est Charlie, un très bon film, du Hollando-australien Rolf de Heer à peu près ignoré de tous. Il est Charlie, un film que j'ai vu la première fois seul dans la salle, un peu Charlie moi aussi. La seconde fois lors d'un ciné-débat les gens sont venus, pas la foule, mais cela a permis des échanges intéressants. Je les en remercie.