lave

                                 Asphodèle m'avait donné envie de retrouver Erlendur que je n'avais pas vu depuis dix ans. Bibliothèque Guy de Maupassant de ma vieille cité picarde, au pif je prends La muraille de lave, ce qui, après Le mur invisible très récemment, devrait logiquement me conduire au Mur de Sartre auquel je préférerai et de loin réécouter le Floyd et The Wall. Là dessus vous pouvez compter sur moi. Cette entrée en matière ne casse pas des briques mais bref Erlendur est en vacances dans ce roman et c'est l'un de ses adjoints, Sigurdur, qui s'y colle. Un bon polar avec un inspecteur pas très sympa dont la vie privée part à vau-l'eau mais il y  a longtemps que n'enquête plus nulle part dans le monde un commissaire Maigret que sa femme attend patiemment pour réchauffer le mironton.

                                Vu d'ici, avec 300 000 habitants enfermés dont deux cinquièmes à Reykjavik, on pourrait croire que les Islandais se connaissent tous et qu'on y croise son voisin de palier dans tout bar qui se respecte ou qui ne se respecte pas, et que les secrets n'y sont pas faciles à celer. J'avoue préférer un pays où mentir n'est pas plus élégant mais un tout petit peu plus facile. Si je vous dis ça ce n'est pas pour étaler mes turpitudes mais parce que La muraille de lave joue sur les secrets qu'ils soient bancaires ou privés voire très privés, ce dans une île qui a joué avec le feu, pas seulement celui de ses volcans. Ce que j'ai aimé c'est que Sigurdur est loin d'être un parangon de vertu, n'agissant bien ni avec sa mère, à peine avec son père malade, et qu'il est somme toute assez misanthrope.

                              Pas d'armes à feu dans La muraille de lave, qui est à la fois un phénomène géologique insulaire et dangereux et le surnom d'un centre financier maléfique porteur de crise. On sait le désastre économique récent de l'Islande, et celui des Islandais. Des maîtres chanteurs, des photos compromettantes, des "recouvreurs" musclés pour des dettes plus que douteuses. Ainsi donc, et Dieu merci pour la littérature policière, même très au Nord, même très à l'Ouest, même très dans l'Atlantique, les voyous se portent bien. Ouf, ce n'est pas l'apanage d'East L.A. Parfois pourtant je regrette un peu les écluses de Simenon ou le presbytère de Rouletabille. Cette boutade ne doit pas masquer la qualité de l'écriture d'Arnaldur Indridason, bien connu maintenant des lecteurs français.