Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
30 avril 2015

L'autre Michel-Ange

13875918

                                            Il faudra que j'aille à Ferrare un jour. Je le savais depuis longtemps déjà, vous connaissez ma passion pour l'Italie en général, sa litté et son ciné en particulier. J'ai décidé de dire litté comme on dit ciné, à savoir une belle apocope, histoire d'avoir l'air de frayer avec tout ce qui s'écrit et se lit. Vanité...Humour, ça je précise toujours. Faute d'aller en Emilie-Romagne je me suis contenté pour l'instant de visiter à la Cinémathèque de Bercy, curieux endroit ou snobisme et perdition voisinent avec nostalgie et fascination, l'expo (encore une apocope) consacrée à Michelangelo Antonioni, un beau et patricien patronyme, presque aussi beau qu'Edualc Eeguab. C'est un modèle pour les cinéphiles, un endroit où je me suis senti mal, donc en phase avec le cinéma d'Antonioni, où tous les personnages ne vont pas bien, donc j'étais bien là bas à Bercy, à ma place, pas aux Finances. Le cinéma antonionien, on lui reproche parfois son nombrilisme, et l'on n'a pas complètement tort. Mais voilà, un nombril peut parfois, pourvu qu'il soit bien observé, nous apprendre beaucoup.

                                        Les films d'Antonioni prêtent le flanc aux accusations d'élitisme un peu comme s'ils venaient d'un homme qu'on estime mais à la réputation ésotérique. Il y a dix ans déjà, présentant les cinq géants du cinéma italien d'après guerre, j'avais pris pour incipit: Rossellini le professeur éclairé, De Sica le médecin prévenant, Fellini le roi-bouffon, Visconti le cousin aristocrate et contradictoire et Antiononi un autre cousin, intellectuel un peu éloigné.

Expo

                            Il faudra que j'aille à Ferrare un jour. Ferrare, héroïne des si beaux livres de Giorgio Bassani mais aussi ville natale d'Antonioni . L'expo n'oublie pas ses débuts néoréalistes, le court métrage Les gens du Pô, cette Italie juste après guerre qui initiait un nouveau courant, celui d'un cinéma qui sera comme aucun autre en totale adéquation avec un pays, un peuple, une époque. Je rabâche. L'influence du Duc de Modrone, Luchino Visconti, est bien là dans le premier quart de sa carrière, dont surtout après une incursion dans les coulisses du Septième Art, La dame sans camélias et sa première muse, Lucia Bose, il s'affranchira pour défricher une terra incognita en cinéma, la fameuse incommunabilité qui devait le poursuivre toute sa vie. Très bien initiée par Le cri, avec quelques séquelles néoréalistes, cette période culmina avec sa trilogie L'Avventura, La notte, L'eclisse. Ce fut aussi l'incompréhension, y compris d'une partie de la critique dérangée dans ses certitudes.

Les_Gens_du_Po

                                Lettres, manuscrits, photos, et les magnifiques affiches, toutes plus belles les unes que les autres, composent ce chemin d'étoiles, interrogeant nos souvenirs cinéphiles et existentiels. Bien trop jeune pour la trilogie, j'ai découvert ces films et leur richesse trente ans après, stupéfait devant une telle modernité, un tel cran, qui devaient laisser au début des sixties bien des spectateurs au bord de la route. Un visage illumina ces années, Monica Vitti, même si dans La notte Jeanne Moreau, si souvent insupportable par la suite, forme avec Marcello un couple reflet, un duo miroir extaordinaire.

vlcsnap-2012-06-26-13h37m35s178

                                    Cette expo s'intitule Aux origines du pop car Michelangelo Antonioni, très intéressé par la culture pop, Carnaby Street, le pop art, et la musique émergente, choisit de quitter l'Italie pour mijoter en Angleterre Blow up, Palme d'Or, parabole sur le voyeurisme et sur la presse qu'on n'appelait pas encore people, qui fit de lui une icône d'une certaine jeunesse, l'un des rares cinéastes à s'aventurer dans cet univers étrange et un peu effrayant pour qui avait dépassé trente ans. Moi j'en avais seize et, fou de cette musique, je retenais surtout la scène où Jeff Beck cassait sa guitare au sein des Yardbirds (Beck et Jimmy Page réunis, c'est le seul document). 

The_Yardbirds_1966

                                    Puis ce fut l'Amérique de Zabriskie Point et Profession reporter, visions désespérées des seventies, déjà évoquées sur ce blog. Mais je ne vais pas faire l'analyse exhaustive de Aux origines du pop, j'engage seulement ceux qui en auront l'occasion, à s'attarder rue de Bercy pour découvrir un artiste protéiforme et qui ne se retourna pas, le contraire d'un créateur de recettes, et qui fut aussi peintre et photographe, l'influence d'un Giorgio de Chirico notamment.

                                    Il faudra que j'aille à Ferrare un jour. Car Michelangelo Antonioni n' apas usurpé son prénom, participant à une nouvelle renaissance de ce cinéma italien phenix, des paysans de la plaine du Pô aux esthètes oisifs romains, du Swinging London à la Chine postmaoïste. Il ya comme ça, des choses qu'il faut faire. Autre chose qu'on peut faire, sans être un italocinémaniaque comme moi, regarder ce beau montage travelling proposé par la Cinémathèque. http://www.cinematheque.fr/expositions-virtuelles/antonioni/index.htm

antonioni

P.S. Pour retrouver quelques-unes de mes chroniques sur les films de M.A. tapez Antonioni dans "Rechercher".

Publicité
Commentaires
P
Je me contenterai de la visite virtuelle pour cette fois. Il me reste tant de miroirs antonioniens à visionner... J'espère que la bonne humeur a refait surface car, comme , filmait Kaurismaki, "au loin s'en vont les nuages"...
Répondre
N
Quelle richesse dans tes mots, on sent toute ta passion pour le cinéna italien, pour ce Michelangelo Antonioni. Un billet absolument passionnant, passionné… Merci de nous faire partager autant d’émotions. Bises
Répondre
E
Hello Miss Angel Baby Williams. Merci de ton appréciation si gentille. Je crois que cet article n'attirera pas beaucoup de commentaires, très spécifique et très ciblé. Mais le tien me fait énormément plaisir.<br /> <br /> Je vais te rassurer, je vais pas mal. Là j'ai vraiment "frimé", me suis accordé une liberté d'écrire, qui peut être mécomprise, et j'ai ainsi voulu signifier que ce cinéma, difficile et qui peut irriter, me plait beaucoup. M'inscrivant ainsi dans l'ambiance des films d'Antonioni dans les sixties, me jouant un peu le Mastroianni de La nuit ou les personnages un peu vains, un peu vides et pourtant si humains de L'Avventura ou L'éclipse. La modestie n'est pas la vertu première de cet article, je le reconnais. Mais peut-être suis-je maladroit. Je te remercie encore de m'avoir suivi dans mes errances romano-cinéphiliques , sincèrement. Il faut prendre garde, parfois on pourrait se prendre pour un aigle. Je t'embrasse et ATTB.
Répondre
C
J'espère que tu vas mieux. Car brillant comme un caillou sous la pluie, ce qui m'a le plus frappée, dans ton très bel article, c'est que la petite ligne où tu dis que tu n'allais pas bien.<br /> <br /> C'est ce qu'on appelle la lecture sélective.<br /> <br /> Cela n'enlève rien à la beauté de tes autres lignes, bien sûr. On te sent positivement habité par le cinéma italien. Et ça c'est bien.<br /> <br /> Kiss from babyangel<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
Répondre
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 370 296
Publicité