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15 août 2015

Ecrire ailleurs

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                               Idée fine que cette somme de quinze articles sur quinze écrivains. Le Figaro a publié ces articles souvent passionnants il y a une dizaine d'années. Quatorze journalistes sont ainsi partis sur les traces de quinze écrivains. Le lecteur peut y picorer à loisir. J'ai lu l'intégralité par ordre alphabétique comme c'est ainsi rassemblé. Evidemment certains univers me sont plus proches ou tout au moins m'intéressent davantage. Podium...

                              Georges Simenon en Norvège et au Cap Nord est fascinant. On sait l'homme Simenon très ami des gares, et plus encore des ports, des écluses et des bistrots de mariniers, des bars à matelots où la bière est brelienne. A Delfzijl, port du Nord au nom imprononçable,un nord qui n'est encore que hollandais, est probablement né après de multiples ébauches pour le titan belge, le commissaire Maigret. Mais Simenon, en 1929, a publié en un an la bagatelle de quarante romans et s'est offert l'Ostrogoth, un joli cotre qu'il décide de mener cap au Nord. On l'imagine pipe au bec et genièvre à la table, noircissant des pages et des pages de sa fameuse ambiance portuaire avec secrets de famille, quand patiente son bateau. Déjà des notables inquiets, des maisons trop tranquilles, des filles ambitieuses, des étrangers souvent venus de l'Est, le monde de Simenon est bien là, qui fera le tour du monde, composant une tragi-comédie de l'humain, sans psy, les coudes au comptoir. Simenon, auteur plus que majeur, qui aime les lumières d'hiver, ira jusqu'à Honningsvag (je vous fais grâce  des tréma), le nord du nord.

                              "Papa" Hemingway chasse le canard tout près de Venise, 1948. Certes il connaissait la région, grièvement blessé par un obus autrichien. Il a déjà cinquante ans,il paraît plus, fatigué, John Barleycorn l'accompagne depuis longtemps. Vient à passer Adriana, pas vingt ans, et le chasseur vieillissant se prend à revivre, avec force grappa et bloody mary. Jean-Marie Rouart, ce grand écrivain, est l'auteur de l'article Hemingway. Il y parle, fort à propos, de fiancailles avec la mort, d'un petit air de Thomas Mann, La mort à Venise. J'en suis persuadé, Hem est déjà sur la route de la nuit, au Harry's bar, au Gritti, dans les volutes de valpolicella ou dans les bras d'Adriana au fond d'une gondole. Presque chaste, probablement. Bientôt il faudra dire au revoir aux armes. Sonnera le glas.

                               Pour Jack London, plus encore ami de John Barleycorn, on sait son Grand Nord. On a tous lu Croc-Blanc. 1897. On a découvert de l'or au Klondike. Jack London en sera, enfin, sera surtout de l'impressionnante cohorte des ruinés, blessés, malades et morts de cette fièvre maligne (Belliou la fumée, Construire un feu). Pour Jack ce n'était même pas un grand voyage, natif de Frisco. Il a vingt-et-un ans, traîne dans les bars (tiens, Hem et Sim aussi, dans d'autres bars), les bars où ça castagne. Rescapé du scorbut, il prend des notes, son socialisme sera toujours exacerbé, son penchant suicidaire aussi. Il rejoindra la nuit lui aussi, plus ou moins de son plein gré, pourtant riche et célèbre mais ô combien mal dans sa peau.

                              Lisez le beau recueil Voyages d'écrivains. Bernanos recréant une sorte de petite France au Brésil, voix libre d'une France libre, Cendrars ce grand menteur et son train des glaces, Céline, un dur pourtant, mis knock-out par New York, "cette ville debout". Mais,plus encore, lisez Pietr le Letton, Le soleil se lève aussi, Martin Eden. Je vous autorise même à lire Proust dont Stéphane Denis évoque les pérégrinations sur la rive gauche, ultime voyage du dandy qu'il faut avoir lu, dans un article un peu claustro à mon gré. Il me faut vous dire que mon gré est peu proustien.

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Commentaires
C
Les vertus de l'exotisme sur l'écriture...ne sont plus à prouver. On n'est jamais aussi prolixe que lorsque l'on sort de son cadre, que l'on découvre d'autres gens, d'autres coutumes, que l'on se nourrit d'autres mets. Les voyages forment certes la jeunesse, mais aussi l'inspiration, et ce n'est pas toi qui pourra nous dire le contraire, toi le fervent voyageur solitaire aux sources de tes fondamentaux. Lire Yeats sans aller en Irlande, c'est un peu comme boire du Château-Margaux dans un gobelet en plastique.<br /> <br /> Kiss you<br /> <br /> Miss Williams for ever<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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D
je suis en vacances et théoriquement en désintox du web mais je ne peux pas m'empêcher de noter cela que je ne connaissais pas :-)
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V
Très intéressant. Extra, ton billet. Comme les précédents, il donne envie de se plonger dans les livres des auteurs que tu affectionne. Je ne connais pas Simenon. Je note ce titre de lui que tu nous conseilles. Ton paragraphe sur London m a enchanté et rappelé de très bons moments de lecture. Et celui sur Hemingway ! Cela m'a rappelé cette superbe chanson de Paolo Conte Hemingway que tu dois connaître. Alors, monsieur Hemingway, ça va mieux ? Je profite de ce commentaire pour dire que tu as un beau trombinoscope d écrivains préférés ... dont beaucoup de voyageurs. Enchanté d y voir Amos Oz que j ai découvert il n y a pas longtemps avec Une panthère dans la cave. Et bien sur j ai fait une petite liste d auteurs que je ne connaissais pas. Merci.
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S
Ce voyage phrasé me plaît beaucoup, Edualc. Ton écriture me séduit encore et toujours. Et lire seulement tes billets me suffit :wink:<br /> <br /> Comme j'aurais aimé être journaliste. C'est un des regrets de ma vie...<br /> <br /> Un métier bien difficile, méritant, avec un certain regard sur les mondes qui nous entourent.<br /> <br /> Merci pour ce partage. Je vais suivre ton conseil.<br /> <br /> Bon dimanche et gros bisous
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