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3 décembre 2015

Mon été avec le grand Will, scène 9 et rideau

S Lear Ran

                                      Je termine mes interventions sur le cinéma de Shakespeare par l'une des plus belles oeuvres qu'il ait inspirées. Ran (1985), plus ou moins une adaptation du Roi Lear. Kurosawa mit dix ans à concrétiser ce projet et c'est en partie avec les capitaux français de Serge Silberman (les derniers Bunuel notamment) que Ran vit le jour en 1985. Oeuvre totale, mêlant l'histoire traditionnelle du Japon médiéval et l'intrigue principale du Roi Lear, le film est fresque, drame Nô, violence, trahisons, soif de pouvoir, parfois surnommé Apocalypse Nô, eu égard aussi à ses conditions de tournage difficiles. Tout en ayant bien conscience que découper un film pour en analyser quelques séquences est le contraire du cinéma, qui doit rester un spectacle, ce qu'avait parfaitement compris Kurosawa, j'ai tenté de donner envie à mes élèves de voir ce chef-d'oeuvre, parfaitement dans l'esprit de Shakespeare, l'homme qui avait tout compris de l'âme humaine, de son bruit et de sa fureur.

rAN 3

                                       Hidetora (Lear) partage son royaume entre ses trois fils juste après une chasse au sanglier, version ludique du chaos qui n'allait pas tarder à se développer suite à l'abdication du seigneur. Ran peut d'ailleurs, à peu près, se traduire par chaos. Commencé dans un  restant de sérénité et le vert luxuriant des coteaux japonais le film devient très rapidement un premier réglement de comptes, avec la parabole des flèches brisées et la désunion évidente des trois fils d'Hidetora. Le Roi Lear, lui, avait trois filles, inacceptable pour un Japon post-médiéval dans une lutte pour le pouvoir. Ce sera donc trois frères ennemis  pour la version de Kurosawa, seule façon d'être crédible, les femmes étant la plupart du temps cantonnées à la sphère de la famille ou du plaisir.

rAN

                                     Trois fils rivaux, trois châteaux, trois désastres entrevus pour la dynastie. Dans un film de 2h35 alternent ainsi les scènes plus intimes souvent traitées avec un minimum d'effets dans le style du Nô, si étranger à notre approche occidentale, et les combats meurtriers, fratricides en une orgie de couleurs et de bannières aux teintes primaires identifiant les armées en compétition. Je crois que l'attaque de la forteresse, douze minutes sans bruit mais zébrées de la musique de Toru Takemitsu, est la plus belle scène de guerre à l'ancienne qu'il m'ait été donné de voir. Mais en dire plus sur ce film évènement est sans intérêt. Je ne peux qu'encourager à le voir.

rAN2

                                     En conclusion à ces quelques mois passées dans l'ombre de Shakespeare à travers le Septième Art je ne peux que modestement me demander qu'aurait été ma vie sans lui tant ses mots résonnent comme jamais dans la longue errance humaine. Je ne lui vois qu'un alter ego en cette olympe du génie de l'homme, Mozart. Je n'ai pas l'impresssion d'en faire trop, mais trop peu. Dieu merci l'un comme l'autre n'ont guère besoin de moi.

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Commentaires
T
TOUJOURS pas vu Ran... <br /> <br /> Retomber sur votre billet en suivant votre fil "Cinéma & littérature(adaptations" m'y refait penser. <br /> <br /> Allons, je vais me mettre en quête d'un DVD (même si ça doit mieux rendre sur grand écran!).<br /> <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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E
Ah ami Bison,quel plaisir que tes commentaires,toujours très imagés, qui en masquent pas ton grand intérêt pour l'Empire du Soleil Levant. Comme tu nous l'a souvent montré dans tes chroniques de là-bas.:D
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L
Cela fait bien longtemps que je n'ai vu cet Apocalypse Nô. Dire que j'ai le DVD encore sous son cellophane... Va falloir remédier à ce manque - ou cet oubli - au plus vite. Manque juste une bouteille de saké, un kimono et sortir mon katana de son fourreau - avis aux geishas - pour passer une soirée dépaysante au pays du soleil levant et des samouraïs colorés.
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A
Tu es notre mémoire cinématographique, Edualc ! J'avais oublié ce film ! (comme beaucoup que je n'ai pas revus) mais en lisant ton billet, tout m'est revenu, j'aimais beaucoup les films japonais et Kurosawa bien sûr... Ce dernier billet est topissime, tu nous fait un baisser de rideau émouvant ! Bises et à ttds♥
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C
Apocalypse nô, tu m'as inspiré le titre de mon dernier billet.<br /> <br /> Enfin toi, + Shakespeare et Kurosawa. Ta saga complète était un plaisir à lire. <br /> <br /> Shakespeare = Mozart, oui sans doute. Je rajouterais Bach (mon préféré)<br /> <br /> Petite question subsidiaire : as-tu reçu mes mails, ou sont-ils aller s'échouer mollement dans tes indésirables ?<br /> <br /> Kiss you ans attb from your miss W<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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V
Cela fait maintenant quelques années que j'ai vu ce film et ta chronique me donne envie de le revoir. Grâce à ton article précédent, j'ai pris à la bibliothèque César doit mourir. Je sais déjà ce que je prendrais après. Merci.
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