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11 janvier 2016

Le vieil homme est amer

20160109_01

                                            Babelio m'a comblé en m'envoyant pour chronique l'inédit d'Arthur Schnitzler, Gloire tardive, avant même la sortie au 3 février chez Albin Michel. Court roman de 155 pages, ce livre est une belle relation de la vie viennoise, telle qu'elle me passionne depuis des décennies. L'histoire de l'Europe Centrale est riche en beaux écrivains et Schnitzler n'est pas le moindre. Cette longue nouvelle fait partie des écrits sauvés des rafles nazies en 1933, après la mort de l'auteur. Mais elle fut élaborée dans les années 1890. Schnitzler est alors un jeune auteur.

Masse critique

                                         Edouard Saxberger est un modeste fonctionnaire déjà âgé.  Comme beaucoup il a commis dans sa jeunesse un recueil de poèmes. Personne n'est parfait et ayant péché, je ne lui jetterai pas la pierre. Contacté par un groupe de jeunes poètes, évidemment chevelus et révolutionnaires, ou quand la révolte épouse le conformisme, vieux débat qui me hante et sur lequel je radote, le vieil homme d'abord surpris se prend au jeu. Flatté qu'on s'intéresse à Promenades, son antique opuscule de poésie, le voilà qui participe à ces soirées viennoises où se déclinent les derniers vers de ces jeunots aux dents longues. Mais les dents, on le sait, finissent souvent par s'ébrécher. Le vieux poète asséché et les débutants ardents, ça pourrait être le titre d'une fable.

                                        Albin Michel évoque l'Aschenbach  de La mort à Venise. Pas vraiment car l'univers de Schnitzler n'est pas désespéré comme celui de Thomas Mann, restant d'une relative légèreté, nul choléra ne règne sur le Ring. Cependant se regarder dans la glace l'âge venant devient parfois agaçant. Et les rencontres avec une autre génération, parfois prometteuses, tournent souvent à la déception. Cette jeunesse qui vénère Saxberger, quel crédit lui apporter? Bientôt le fonctionnaire falot et usé ne retrouvera-t-il pas davantage de plaisir aux parties de billard avec ses pairs? L'histoire ne repasse les plats que faisandés semble nous dire le grand romancier de La Ronde, de Liebelei, de Mademoiselle Else. Ce n'est pas un hasard si j'ai pensé au Masque, premier volet du film de Max Ophuls Le plaisir, où un homme mûr danse jusqu'à l'épuisement, le visage d'un jeune homme plaqué sur la face. Ophuls a justement adapté et La Ronde et Liebelei, et ce parfaitement.

                                        Ce fut un grand plaisir de lecture dont je remercie Babelio. Et lire les épreuves non corrigées, ma foi, ne manque pas de charme.

                                       

                      

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Commentaires
N
Coucou Claude,<br /> <br /> <br /> <br /> Jamais lu cet auteur, par contre, je partirais bien à la rencontre de ces jeunes poètes "chevelus et révolutionnaires"! :D<br /> <br /> Il semblerait que Mademoiselle Else est à lire...<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous et bon weekend à toi
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A
Rhhhaaa, enfin CB remarche ! :roll: <br /> <br /> Je ne connais pas du tout les auteurs viennois (hormis la famille Mann) ou d'Europe Centrale en général, là tu fais envie ! Ces poètes, qu'ils soient ardents ou "asséchés" comme tu dis si bien ( :lol: ) sont tous disparus, de toutes façons ! :lol: Bises et à ttds (si CB le veut bien^^)...
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V
Je viens de me souvenir la raison pour laquelle je n'ai pas poursuivi la lecture de Schnitzler, c'est que j'ai lu quelque part que Mademoiselle Else était le seul monologue intérieur qu'il ait écrit.IInconsciemment, j'avais peur de ne pas retrouver la même force dans ses autres livres. Monologue intérieur que je mets à égalité avec ceux des frères Compson dans Le bruit et la fureur. Tes chroniques sur les recueils de nouvelles de Schnitzler que je viens de lire me laisser penser que j'aurais dû continuer. Merci.
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V
C'est un livre pour moi. 155 pages. Plus sérieusement Mademoiselle Else fait partie de mes livres préférés. Je n'ai malheureusement lu que celui-là de lui.
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D
celui là je le lirai certainement même si je trouve parfois Schnitzler un peu trop amer pour moi
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