Dans un cadre associatif un public nombreux a vu le très beau et très plausible My skinny sister, film suédois de Sanna Lenken. L'anorexie et plus généralement les troubles de l'adolescence y sont cernés magistralement à travers le regard de Stella, douze ans, admirative de sa grande soeur Katia, patineuse prometteuse, mais qui verse dans le refus et le déni, et file un coton bien inquiétant. Sanna Lenken, 37 ans, a vécu elle-même des moments un peu similaires et sait ce qu'elle filme. Les parents, maladroits, quels parents ne le sont pas, c'est Stella qui finit par mieux appréhender la question. C'est beaucoup grâce à elle que l'espoir renaît. J'ai rarement vu une telle acuité concernant les relations entre deux soeurs.
Débat intéressant et concret mené par médecins et psychologues avec excellente réception du public, tant il est vrai que ces pathologies universelles concernent tout un chacun. On a pu ainsi mesurer le désarroi et la détresse de certaines familles. On en sort un peu moins ignorant même si c'est souvent dans ses propres murs qu'on est le moins "observateur".
L'homme qui répare les femmes, proposé par les animateurs de Ciné-philo, est un beau document belge sur le Congo, ex Zaïre, ex Congo Belge, actuellement République Démocratique du Congo, appellation non contrôlée. Denis Mukwege est le chirurgien qui soigne les innombrables filles et femmes violées et mutilées par les multiples milices qui sévissent dans le pays. Le viol, arme de guerre et de destruction sociale, est une grande tradition de l'humanité. Prix Sakharov, le Dr. Mukwege est peut-être moins le héros de ce film que les femmes congolaises qui le soutiennent et ont exigé son retour au pays, devenues de vraies activistes de la paix. Le film de Thierry Michel est évidemment un témoignage majeur. Mais comme sont décevants ces débats où très vite apparaissent des condamnations très convenues où les responsables sont tout trouvés et où on finit par presque exonérer les culpabilités individuelles. Sans parler de certaines récupérations qui me mettent toujours très mal à l'aise. Et de cela il est très difficile de débattre.
C'est vrai qu'il est parfois difficile de mener un vrai débat sur des sujets difficiles comme celui de "L'homme qui répare les femmes" (que je n'ai pas vu, cela dit). Tout dépend parfois de comment les choses s'engagent et de si les personnes chargés d'animer le tout sont capables d'amener la parole sur différentes thématiques. Il est vrai aussi que certains s'enflamment vite sur des sujets que, pourtant, ils ne maîtrisent que très partiellement. La nature humaine est ainsi faite, je crois, et il faut parfois savoir relancer poliment... ou se taire sans en penser moins
Merci pour ces deux pistes cinéma, Eeguab, et bon dimanche !