L'Ecrivraquier/9/Fuyance

Que n'ai je plus souvent pris un train

Lesté d'un simple sac, d'une gabardine?

Que n'ai-je visité au couchant

Le beau port de Fuyance

Grand Occident, soleil déclinant

Il n'est pourtant pas si beau 

A la vérité les quais y sont gris

On s'y mire, boue et flaques

Les marins bien peu avenants

L'alcool un brûle-gueule

Peu me chaut, je n'y eusse guère été fringant

Crevant de peur, d'hésitation

Me retournant, prêt à mollir

Suspicieux de moi-même

Ne rêvant déjà plus

Mais, partance oblige

Route ou marée allante

Les yeux étrécis par l'ailleurs

Plus d'arrangements

Plus de mensonges

Que n'ai-je rejoint

Fuyance port ordinaire

Ouvert?

Comments

[manU]

Joli !

[villaseurat]

Oh oui, un très beau poème qui me parle beaucoup. Oui, voilà, lesté d'un simple sac. Ma vie dans un simple sac. Fantasme de la route, du train, du bateau, d'un départ, d'autres choses mais conscience du déchirement tout de même ... Ton poème ( et je suis d'accord avec Asphodele son titre ) sont magnifiques. Bravo.

[Asphodèle]

Waow quel beau poème Edualc ! Combien regrettent de n'avoir pas pris ce bateau et quel joli nom que Fuyance... il incarne bien nos lâchetés, assumées ou pas et donne du grain à moudre à la nostalgie. Avec des "si"...Bises et à ttds.