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10 novembre 2016

Après lecture des lectures

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                                 Pour la troisième fois j'explore le bel univers de Yoko Ogawa (Les abeilles, La formule préférée du professeur) avec Les lectures des otages, recueil de neuf textes, mais à l'intérieur d'un récit unique. Je m'explique. Lors d'une prise d'otages étrangers, on n'en saura pas plus, une ONG parvient à introduire un enregistreur. Opération réussie, les huit otages vont tour à tour prendre la parole et parler de toute autre chose que de leur situation. Il y aura un neuvième témoignage, celui du soldat de la brigade anti-terroriste. On apprend très vite que les otages n'ont pas survécu mais là n'est pas le propos de cette fine auteure qu'est Yoko Ogawa. Tout cela n'est qu'un prétexte pour que chacun des prisonniers évoque un souvenir, ce qui permet d'évoquer avec finesse (mais ça on le sait très vite en lisant n'importe quel texte même court d'Ogawa, même la toute première fois) différentes situations selon les protagonistes. Quelques exemples.

                             Une  femme voit sa vie bouleversée à la vue d'un jeune homme dans le train transportant un objet très long dans sa housse, qui s'avère être un javelot. Le suivant elle découvre un stade vétuste et s'éblouit de la grâce du geste de l'athlète. C'est tout, et, croyez-moi, c'est beaucoup sous les doigts de Yoko Ogawa, experte en émois. (Le jeune homme lanceur de javelot).

                            Un futur écrivain, dans La salle de propos informels B, raconte comment jadis il est entré par hasard dans une salle d'un bâtiment public. Cet endroit bien anodin se révèle un espace de curiosité, de liberté, où s'expriment des groupes farfelus sans trop de soucis de logique ou de raison. Il y en a qui veulent sauver une langue qu'ils sont seuls à parler. Et aussi les amateurs de toiles d'araignée, le syndicat des recherches sur le jeûne, l'amicale des dessinateurs d'animaux imaginaires, et mon favori, l'assemblée de ceux qui écrivent Shakespeare sur des grains de riz. Fantaisie, surréalisme et humilité, sous la belle plume de Yoko.

                           Le loir hibernant nous est conté par un ophtalmo, peluche dépareillée et assez laide parmi les autres, tout aussi laides, proposées dans la rue sur un simple drap par un vieil homme noueux et décharné. La particularité de ce modeste éventaire est d'exposer des effigies d'animaux plutôt pas très sympathiques, chauve-souris, blattes, scolopendres, oryctéropes...Variation sur la différence et l'empathie, imagination stimulée. Ca vous dirait, une peluche de paramécie dont vous pourriez caresser les cils vibratiles?

                           Tous les textes des Lectures des otages sont à cette image, très originaux et inattendus. Je crois que Madame Yoko Ogawa va rejoindre ma cohorte d'écrivains favoris. Il y en a un pour qui c'est chose faite depuis longtemps, c'est notre ami Le Bison.  La Lecture des Otages [Yoko Ogawa]

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Commentaires
M
Je tenterai peut-être une lecture de cet auteur mais j'avais été déçue de ma lecture des "paupières" : univers trop étrange pour moi
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V
J'ai déjà mis un commentaire sur une de tes précédentes lectures d'Ogawa. Alors je vais me répéter : j'adore cette auteure. Sans réfléchir, celui que je préfère, c'estle recueil Tristes revanche. J'ai lu beaucoup de ses livres mais pas tout - comme pour Murakami - et ça me réjouit de savoir que j'ai encore des livres d'elle à découvrir. Je ne sais pas ce que tu en penses mais personnellement je trouve cette auteure très facile à lire et en même temps très difficile si on cherche ce qu'il y a entre les lignes. Je m'exprime mal mais c'est ce que je ressens. <br /> <br /> En tous cas, tu en parles bien, comme le Bison l'avait fait Petits oiseaux. Pour ce billet, arigato Eeguab.
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C
Tu me donnes envie avec tes petites nouvelles. L'écriture japonaise est toute en délicatesse et simplicité en même temps. J'aime beaucoup.<br /> <br /> Merci pour cette chronique, ce n'est pas souvent que je note un livre à lire... (je n'ai pas assez de vies)<br /> <br /> kiss you attb<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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S
J'aime beaucoup Yōko Ogawa, je n'ai jamais été déçue en tout cas, et j'ai bien envie de lire un de ses romans dans les mois qui viennent. Mais lequel ? Les tentations sont si nombreuses ! Je te conseille en tout cas L'annulaire et Le musée du silence, tous les deux excellents.
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