La Dame aux traits tirés
Espérée, laide et magnifique.
J'ai toujours su que tu viendrais,
Tu es femme de rendez-vous,
Il suffisait d'un soir.
As-tu un prénom?
Ne te soucie pas, je t'en donnerai un,
J'en ai tant écrit et chanté
Qui m'ont brûlé les ailes,
Ordinaires pourtant.
Je me surprends à t'accueillir, presque bienvenue
Il est, il fut
Des compagnes moins proches,
Plus clandestines, plus âpres
A l'amertume tenace.
Ainsi voyagerons-nous tous deux,
Deux vieilles connaissances,
Au long des docks d'antan,
Ils ont bien changé.
Méconnaissables, et la ville et la vie,
J'y suis bien moins à l'aise,
Même les fantômes passés
Semblent avoir déserté.
Je me voulais princier
Et ne suis que servile.
J'ai cru jouer avec les fées,
Mais tombé de l'arbre,
Je me relève mal.
Rien dans mon cas ne doit révolter,
J'ai eu ma chance.
Quelques rencontres m'ont enorgueilli
Mais souvent leurs dagues m'ont frôlé.
Il en est qui m'ont bien meurtri.
Sans me permettre
Ni gloriole ni allégresse.
Maintenant que tu es là tout ira mieux,
Désenchanté, enfin sans sortilèges,
A l'abri,comme au chaud,
Pourvu du bel alibi,
Celui de la tournée d'adieu,
Que, cabotin malgré tout, l'on souhaite,
Incorrigible de vie,
Et, pianiste de bar claudiquant,
Interminable.
Très bouleversant poème.
Belle fin d'année, en la maintenant à distance, cette égérie de tes vers.