Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
8 janvier 2017

Le grand hêtre pourpre

 590424140_1280x720

                              Attention. Rien à voir avec d'insipides souvenirs de star ayant employé un nègre. Une oeuvre. Et là ce n'est pas que je pèse mes mots comme un bossfan que je suis. C'est que j'en revendique les qualités, une sorte de vita americana depuis les années cinquante, passionnantes d'un bout à l'autre depuis la très modeste Freehold, New Jersey, d'où tout partit, jusqu'aux mégaconcerts dont le Stade de France 2003 où j'ai eu la chance de voir le Patron et le E Street Band au complet. Une oeuvre. Comme toute la discographie et les concerts de Bruce Springsteen. Et qui a parfaitement sa place dans une rubrique littéraire. Où l'on sera cependant un peu plus à l'aise si l'on connait à peu près son petit Springsteen illustré, ou mieux encore, si l'on accompagne sa lecture d'une écoute sérieuse de quelques-unes de ses chansons.

                             Une famille prolétaire et catholique, les origines sont comme, tout le monde sur la Côte Est à ce moment, irlando-italiennes. Et vous vous étonneriez que je plonge là dedans, moi dont le blog consacre 30% de son activité à ces deux pays de mon coeur? Cette dualité marquera Bruce, né en 49. L'une des stars de la région, un certain Francis Albert Sinatra, voir Hoboken, sera pour le professionnalisme l'un de ses modèles. L'autre coup de grisou viendra d'Elvis Aaron, Memphis, Tennessee. Bruce a six ans. Moi aussi. Il raconte la vie de cette famille parmi d'autres avec parents et grands-parents, rythmée par les jeux dans les rues, les bagarres à la sortie de l'école, les premières cordes de guitare, et surtout les copains qui formeront bientôt les Castiles, première formation du futur maître, dans laquelle il n'est même pas chanteur. Et très vite l'écriture, du concret, du vécu, des histoires d'ados fugueurs, des amours laborieuses, de retour du Vietnam, ou de non retour. Springsteen n'élude pas les zones un peu curieuses, comme son astuce pour échapper à ce même Vietnam, qui apparemment ne lui causa pas trop d'états d'âme.

                           Car Springsteen vise avant tout à l'efficacité. Il raye d'un trait d'esprit le mot démocratie dans un groupe rock, où il faut un patron. Il y aura un patron et il saura le faire savoir. Les pages sont passionnantes sur les arcanes de sa création musicale. Sur ses rapports avec ses musiciens, tous d'exception. Sur sa ténacité et sa puissance de feu, sa spontanéité et sa générosité sur scène, par opposition à certains autres monstres, Neil Young ou Bob Dylan. Springsteen n'oublie jamais le show, y compris quand il reste quarante minutes seul avec sa guitare devant 80 000 personnes.

                          Mais tout cela, pour qui n'est pas trop branché sur Tin Pan Alley, pourra paraître trop technique voir rasoir. Foncez pourtant dans cette autobio, Born to run, pour d'autres raisons, terriblement humaines, presque ethno. Pour les portraits de son père Douglas Springsteen, un taiseux, même dans les différents pubs, part importante de son existence, qui aime ses enfants sans leur dire, c'est pas le genre de la maison du New Jersey. Les années cinquante pouvaient encore être rugueuses des deux côtés de l'Atlantique. Pour cette Amérique qu'il nous narre, pas mal corsetée, juste avant Brando, Dean, Presley. Pour cette splendide et abracadabrante vie d'un groupe rock, où la gestion des egos s'avère chaotique, où il faut parfois se séparer d'un des musiciens. Angoisse garantie, et noms d'oiseaux, rancoeurs et pardons. Born to run ou l'histoire d'un homme, Né pour courir, courir afin de vivre pleinement sa passion, viscéralement, sans perdre la raison, avatar si fréquent chez les rock stars.

                          Un livre, vrai, riche, bourré de peurs et d'énergie, la vie d'un homme, d'un roc(k), mais même les rocs un jour se fendillent. Comme le grand hêtre pourpre de Freehold, New Jersey, abattu récemment, comme le raconte Springsteen, lors d'une de ses balades en bagnole dans sa ville d'enfance, comme il en a tant chanté. Born to run, à lire, à écouter, à vivre. Je n'ai pas proposé d'extrait musical, il faudrait tout mettre de Racing in the streets à My home town, de The ghost of Tom Joad à Brothers under the bridge, de Born in the USA à My city of ruins

Publicité
Commentaires
V
Jusqu'à maintenant je ne pensais pas le lire parce que j'ai déjà lu pas mal de choses sur lui. Mais là je viens de lire ton billet passionné. <br /> <br /> Pour ma part, j'ai vu le Boss en concert en 1992 à Lyon pour la tournée Human touch Lucky town. Malheureusement, ce n'était pas le E-Street Band mais quand même quel concert !<br /> <br /> Je pourrais parler des heures de la musique de cet artiste qui a accompagné ma vie et qui restera à jamais un de mes chouchous. Merci pour ton superbe billet. A bientôt.
Répondre
M
On sent le passionné ! ;)
Répondre
C
Prolétaire et catholique, irlando italien...ça me parle. Beaucoup. ;-)<br /> <br /> Et la musique de Springsteen a quelque chose de Fellinien, une grâce tragique.<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
Répondre
A
Je me rends compte que je le connais très mal, car beaucoup écouté à l'époque de Born in the USA et aucun autre titre ne me vient à l'esprit ! Mais je reconnaîtrais les morceaux, si je les réécoutais quand même ! :lol: Ça a l'air passionnant ; j'aime les bios et quand elles sont hors cadre comme semble l'être celle-ci, c'est encore mieux... ;) Quand je la croiserai... Bises et à ttds♥
Répondre
D
Pas assez fan pour l'acheter mais je vais vérifier que ma bibliothèque l'a acheté car je le lirais bien volontiers, je ne suis pas accro aux vies de stars mais de temps à autre certains méritent bien ce genre de lecture
Répondre
D
Bonjour eeguab, moi qui ne connais ni l'homme, ni l'oeuvre, je note. Tu m'as donné envie. Merci et bon dimanche.
Répondre
L
D'habitude, je ne suis pas trop biographie... La vie des artistes ne m'intéressent guère, plutôt leurs oeuvres que leurs vies, j'aurais tendance à dire.<br /> <br /> Mais pour ce boss, je suis prêt à faire exception parce que celui-là me semble plus qu'une simple bio, une oeuvre à part entière comme tu le dis...
Répondre
L
Un cadeau pour un ami qui peut fredonner beaucoup des titres de ce musicien qu'il m'a fait découvrir . Merci
Répondre
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 661
Publicité