Ma chère Val ici et moi nous sommes retrouvés pour Tout ce dont on rêvait. Ayant l'impudence d'être née longtemps après moi je ne suis pas sûr qu'elle ait rêvé des mêmes choses que moi. Le livre de François Roux est de ceux qu'on lit très vite. J'avais des réserves sur les premières pages, ne partageant guère d'empathie avec Justine, Alex et Nicolas les deux frères. Pour tout dire j'y croyais un peu trop sentir l'air du temps. Ce couple Nicolas et Justine, elle surtout, très night-club branchouille, ne m'inspirait guère. Le côté fêtard poudreux ne me plaisait pas beaucoup. Mais ce roman va assez vite et l'ellipse nous mène rapidement vingt bonnes années après, deux enfants, dont Adèle, parfaite donneuse de leçons comme je les abhorre, et la star incontestée, le chômage.
Nicolas, cadre dynamique approchant la cinquantaine, va connaître comme tant d'autres ce no man's land dont je crois qu'il est toujours difficile d'appréhender l'impact lorsque la menace ne s'en est jamais fait sentir dans sa propre vie. François Roux est habile à tisser ou plutôt à détricoter l'équilibre de Nicolas, en mal de repères aux abords de la cinquantaine et culpabilisant plus que jamais au sujet de la mort accidentelle de ses parents dans un crash aérien. Le couple fait plus que battre de l'aile et Justine s'en sort à première vue un peu mieux, psychologue assez à l'aise professionnellement. Au delà des apparences rien ne va plus. C'est bien normal. Car si elle a encore ses parents ses relations avec son père Joseph (vaguement célinien, pour faire court) sont exécrables et nous valent les meilleures pages, à mon avis, d'une violence verbale assez insoutenable, de ce roman. En cela Tout ce dont on rêvait se révèle tragiquement ordinaire mais n'en est pas moins vraisemblable. Certes Adèle est tête à claque mais elle a dix-huit ans et on est tellement conformiste à dix-huit ans. Allez, on lui colle une baffe et on espère que ça s'arrangera.
Les attentats et la manif géante d'il ya deux ans font l'objet de quelques lignes, qui m'ont semblé particulièrement sans intérêt. Mais c'est le propre, inévitablement, de tout ce qui a été dit et écrit sur ce sujet. Et j'ai sur ce gigantesque élan populaire un avis iconoclaste. Mais parfois il convient de se taire.