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28 mars 2017

Chants du Cygne

Masse critique

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                               Snobissimo, le milieu dépeint par Melanie Benjamin, au coeur d'un New York palpitant, mais huppé puisque Les Cygnes de la Cinquième Avenue sont les femmes les plus fortunées, les mieux mariées, les plus élégantes de la Big Apple. C'est ainsi que les appelle le maître d'oeuvre de cette mise en scène, le grand ordonnateur des fêtes les plus dispendieuses en ces années soixante. Truman Capote, vous l'aviez reconnu, le célébrissime auteur de Breakfast at Tiffany's et de De sang froid, accessoirement connu comme une langue de vipère à la prose assassine. Je me méfiais bien un peu de cette incursion de plus de 400 pages au coeur de la jet set newyorkaise de cette époque, craignant de m'y sentir mal à l'aise et surtout de m'y ennuyer prodigieusement entre cocktails, défilés de mode et yachts caribéens. D'ailleurs je n'ai lu ce roman, en épreuves non corrigées, que dans le cadre de Masse critique de Babelio que je remercie. Or Les Cygnes de la Cinquième Avenue s'est révélé un excellent bouquin, bien plus profond que je ne l'imaginais.

                              La vie de Barbara "Babe" Paley, la plus emblématique de ces dames, toute entière vouée au luxe et au paraître, alors même qu'elle évoque très peu par exemple les quatre enfants de ses deux mariages, est distillée par Melanie Benjamin quaisment à l'aune, unique et exclusive, de sa rencontre et de son amitié avec Truman Capote, ce personnage ambigu, tout en fascination-répulsion, grand talent littéraire et insupportable cabotin. Il faut se rappeler l'omniprésence, au coeur de l'intelligentsia de la Côte Est, de Capote, à la fois histrion et intello, passionné par le meurtre gratuit perpétré par deux jeunes hommes dans le Kansas ( cela donna  De sang froid, livre de Capote, puis film de Richard Brooks), fashion victim, icône gay avant l'heure, ami de tout le gratin de Jackie Kennedy à Andy Warhol, bref de tout ce qui comptait dans la jungle urbaine branchée. Il faut lire notamment les pages sur le célèbre Bal en noir et blanc donné par Truman, où l'on croise Sinatra et Bacall (ce roman n'est pas avare en name dropping). Bouffi et extravagant, moulinant de grands gestes, Capote va finir par blesser la belle faune de là-bas, ses chers cygnes glissant apparemment sans effort de cocktails en vernissages. Son recueil Prières exaucées ne paraîtra vraiment qu'après sa mort. Mais quelques-uns des textes qui le composent seront lisibles dans le magazine Esquire. Devenu la caricature de lui-même, cynique et pathétique, il  dépeint, à peine masqué, ses chères et tendres amies dans la nouvelle La Côte Basque (c'est le nom d'un restaurant de prestige). Ce sera la fin de ses relations avec Babe, mais aussi les autres, Slim, Gloria, C.Z., etc...

                              Meurtris, ces fameux Cygnes de la Cinquième Avenue qui n'ont bien sûr rien d'oies blanches, vont ainsi vieillir, bientôt malades, et affronter un ennemi inachetable par leurs différents, successifs et richissimes époux. C'est toute cette histoire courant sur une douzaine d'années, et leurs rapports avec Truman Capote, grand écrivain et serpent venimeux, que raconte très bien Melanie Benjamin. C'est un éloquent portrait de groupe avec chute d'une société aux commandes, ou qui croit l'être, ce qui n'évite pas forcément l'essoufflement et le crash final.

                            "La poitrine de Truman ressemblait à celle d'un ange, si innocente, la peau si blanche, entièrement recouverte d'un  fin duvet doré qui semblait l'éclairer d'une lueur éthérée. Ses biceps étaient étonnament bien dessinés et, avec son visage boudeur, son regard rêveur, il aurait pu passer pour un Adonis, si ce n'atait ce ventre légèrement grassouillet".

 

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Commentaires
C
C'est vrai que Truman Capote est un personnage fascinant et croiser Bacall pour ne parler que d'elle, cela vaut sûrement le coup !
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V
Bravo Celestine. Tu as raison. J'espère moi aussi un nouveau billet. Et de toute façon, j'ai noté sur mon agenda que j'avais rendez-vous ici très prochainement avec Monica Vitti. Alors à très vite.
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C
Dis donc, le Chant du cygne, c'est quand même pas un titre « autoBLOGraphique » ?<br /> <br /> Allez, youp la boum, on écrit un billet et que ça saute ! ;-)<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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C
Breakfast at Tiffany's...un de mes films préférés.<br /> <br /> Je me sens tellement proche de Holly, de sa naïveté non feinte et de ses errances évaporées...<br /> <br /> Kisses my friend and attttttb<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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S
Moi j'aime bien ces chroniques tellement loin de notre monde, Edualc.<br /> <br /> Pour une fois, ce livre me tente :wink:<br /> <br /> Et se glisser dans d'autres vies que la sienne, ça va aussi plaire à Valentyne, j'en suis certaine :lol:<br /> <br /> Je note ! Je verrai si tes "cygnes" sont aussi sympas que les vrais :roll:<br /> <br /> Gros bisous
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A
Mais dis donc tu en sais des choses sur les people de ces années là pour quelqu'un qui ne s'y intéresse pas, hum ? :lol: Hé oui le temps ne s'achète pas et rattrape aussi bien les cygnes que les vilains petits canards mais en attendant la vie des cygnes aura certainement été différente... Un livre qui pourrait m'intéresser, pour le contexte de l'époque aussi... Bises et àttds
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V
Oui, tu as raison, le mal de vivre est universel. Et puis, comme dit la célèbre citation, il y a toutes ces larmes versées sur les prières exaucées. Mais peut-être là, c'est différent encore, dans le cas des Cygnes de la Cinquième Avenue, s'ils n'ont pas eu à prier pour quoi que soit, s'ils avaient tout dès le nid ?
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L
De Capote, je ne connais que De Sang Froid. Si fort, si puissant que j'ai du mal à me motiver pour lire autre chose de cet écrivain aperçu uniquement sous les traits de Philip Seymour Hoffman. Mais croiser dans une soirée, un verre de 18 ans d'âge minimum à la main, Sinatra et Bacall, cela se refuse difficilement...
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E
A Luociné...Evidemment que moi non plus. D'ailleurs je ne l'aurais pas acheté. Mais ce roman est un très bon bouquin car le mal vivre est universel. Bien plus passionnant que ce que je craignais. C'est aussi l'intérêt de ces opérations, faire lire ce qu'a priori on aurait balayé d'un geste. Ca ne marche pas à tous les coups. Merci de ton passage.
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L
Dieu que ce monde ne m'intéresse pas! et pourtant ce biilet semble dire qu'il y a de l'intérêt à lire ce roman
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